Dans le coin gauche, Octomore 5.1 de chez Bruichaladdich, réputé "the world's peated whisky", 169 ppm et 59,5 % d'alcool. Du lourd malgré son jeune âge (5 ans). Dans le coin droit, Ardbog, le dernier poulain de chez Ardbeg, préparé pendant dix ans pour célébrer le Ardbeg Day et présenté par le Dr Bill Lumsden comme "une évocation des tourbières anciennes". Plus léger (52,1%) mais complexe et retors. Entre ces deux candidats au titre de champion de la tourbe, le match s'annonce serré.
Sur le papier, c'est l'Octomore qui part gagnant avec son taux hallucinant de 169 ppm. Le "ppm" est l'unité de valeur servant à quantifier le tourbage. Cela consiste à mesurer les "parties par million" du phénol en rapport avec la quantité totale du liquide. Bref... 169 pour la tourbe c'est un peu l'équivalent du taux d'hématocrites de Lance Armstrong période dorée. Non que Jim Mc Ewan soit le Docteur Fuentes de la gnôle mais il faut saluer ses talents d'apprenti chimiste. On se prend à rêver d'une équipe Bruichladdich sur le Tour de France. Mais attention à ne pas faire le match avant le duel car Ardbog présente des caractéristiques solides. Il est le résultat de la maturation décennale du distillat dans des fûts de Xérès et de son assemblage avec l'expression traditionnelle d'Ardbeg, elle aussi de 10 ans. Le but recherché est de proposer un whisky très tourbé et fumé – c'est le caractère de la marque – mais complexifié par des arômes plus doux issus du vieillissement dans des fûts espagnols.
Premier round : Le Nez Celui de l'Octomore est direct. "Ca pique" entend-on dans le public. Mais passé la première attaque, on trouve de la vanille, du caramel et plus surprenant, de la prune. La fumée est là et puis, on est pris d'une sensation de nature. C'est l'Aveyron, ses étables, son foin. Un chat ? C'est plus complexe qu'il n'y paraît, prometteur. Mais Ardbog n'est pas en reste. Il présente à première vue un nez plus complexe. Des arômes plus prononcés. Comme on pouvait s'y attendre, les fûts de Xérès ont fait le métier. Miel. Puis le phénol, et du tabac blond (Old Holborn ?), Abricot sec. Fumée.
Deuxième round : La bouche. C'est le moment de vérité. Octomore attaque direct. Un bois puissant, de la fumée. Une ambiance de marée haute à Port Charlotte. C'est l'outre-tourbe. Mais loin de masquer la complexité du breuvage, elle en révèle au contraire la finesse de composition. Des fruits macérés (Poire ?), de la cire et peu à peu des pipas. Et puis, surprise, comme surgi de derrière un buisson, du jambon blanc ! Les juges sont sans voix.
Mais Ardbog a aussi des arguments. Il répond par des sensations plus sucrées (trop?) , du chocolat, macadamia nut brittle. Ensuite des cacahouètes et ce ton général encore renforcé par le goût de cuir. On a un peu l'impression que tout est fait pour faire aimer la tourbe aux profanes. L'ambiance maritime est trop tempérée par la douceur générale et on regrette de voir diluer dans cette ambiance de racolage l'identité de la marque. C'est un peu vulgaire.
Les finales confirment ce sentiment général. Octomore célèbre la nature, on garde en bouche l'ambiance sauvage et terrienne de la tourbe d'Islay alors que le Ardbog nous donne envie de fumer un cigare.
Bilan :
– Octomore : Note : AA- (John D. Rockfeller) Prix : Haute Bourgeoisie
– Ardbog : Note : BBB- (Adam Smith) Prix : Haute Bourgeoisie
Un match fut-il serré, a besoin d'un vainqueur et c'est indéniablement l'Octomore qui remporte le combat. L'intense sentiment de nature, l'humilité devant la tourbe, Pacha Mama du whisky, sont autant de qualités qu'il faut saluer. Ardbeg a trop tenté de convaincre avec cette expression. On touche peut-être aux limites du marketing. A ce prix il vaut mieux se tourner vers l'excellent Galileo dont le caractère est plus trempé.
D.N. avec B.M
Bon, avec tout ce beau texte pour nous mettre l Octomore en bouche, on le trouve chez quel revendeur, le 5.1???? J ai un 4.2 et un PC10 (non filtré, le vrai) qui se sentent bien orphelins…. Sans compter le reste: PC7, Twenty, BlackArt, Laddie 10 et 16, Peat, Peat project, 3D2, 3D3, etc…
Le revers de la médaille c’est que les bouteilles se vendent très vite. Le plus simple consiste à guetter la sortie annuelle et de faire le tour des cavistes, il y a souvent des bouteilles qui traînent – c’est comme cela que nous avons trouvé ce 5.1. Sur internet, la spéculation va bon train.
Merci pour le commentaire.
Bon, avec tout ce beau texte pour nous mettre l Octomore en bouche, on le trouve chez quel revendeur, le 5.1???? J ai un 4.2 et un PC10 (non filtré, le vrai) qui se sentent bien orphelins…. Sans compter le reste: PC7, Twenty, BlackArt, Laddie 10 et 16, Peat, Peat project, 3D2, 3D3, etc…
Le revers de la médaille c’est que les bouteilles se vendent très vite. Le plus simple consiste à guetter la sortie annuelle et de faire le tour des cavistes, il y a souvent des bouteilles qui traînent – c’est comme cela que nous avons trouvé ce 5.1. Sur internet, la spéculation va bon train.
Merci pour le commentaire.
Si vous êtes à Paris, j’ai récemment vu une bouteille d’octomore 5.1 à la boutique sipeasy au 50 rue rochechouart dans le 9è