Lot No 40 Rye est l’expression small-batch de la plus grande distillerie canadienne, Hiram Walker. La distillerie se trouve à Windsor dans l’Ontario, au bord de la Detroit river, faisant face à la ville qui a donné au monde General Motors et Berry Gordy. Cette localisation ne doit rien au hasard puisque son fondateur, le bien nommé Hiram Walker, homme d’affaires redoutable qui débuta comme épicier avant de faire fortune dans le commerce du grain et du whisky, avait choisi d’installer son usine à rye de l’autre coté de la frontière afin de contourner la législation et le fisc américains, trop contraignants à son gout.
A l’image de la petite ville Ecossaise d’Oban, qui se développa autour de la distillerie, la ville frontière de Windsor connut son véritable essor avec la création de la distillerie, alors appelée Windsor Flouring Mill and Distillery, en 1858. L’expression phare du cru, Canadian Club, fut commercialisée pour la première fois au milieu des années 1880 et connut d’emblée un succès qui ne s’est depuis jamais démenti. Le gout unique des whiskies sortant de la distillerie de Windsor tient a l’utilisation de mash-bills a forte teneur en mais combinée à l’utilisation d’alambics à repasse au lieu des colonnes qui sont d’habitude la norme en Amérique du Nord. Cela donne un whisky plus rond, a mi-chemin entre le bourbon et les bons whiskies Irlandais. Hiram Walker appartient à Pernod Ricard depuis 2005 mais produit la majeure partie de son whisky pour le compte Beam Inc. (donc de Suntory) qui détient la marque Canadian Club. Le Lot No 40 est une façon pour Pernod Ricard de mettre en avant le savoir faire maison a travers un embouteillage limité et recherché. On goute !
Œil : Cuivré
Nez : Doux et sucré mais avec une présence étonnante de l’alcool a 43%. Des notes marines rarement aperçues dans un rye avec le l’iode, des fruits de mer et des algues. Viennent ensuite des senteurs plus boisées, cire d’abeilles et vieux meuble ciré. A la fois fruité et vaguement lacté, comme une glace rhum-raisins. Cela vire ensuite dans un registre un peu plus classique de caramel et d’épices mais qui garde toujours ce rappel de bois ciré. Belle complexité.
Bouche : Moins expressif qu’au nez, cela doit venir en partie de la dilution. Beaucoup plus amer aussi. On retrouve les notes de cire et des épices : piments langue d’oiseau qui brulent au fond de la gorge, clou de girofle qui endort le palais, et poivre noir pour faire le compte. L’amertume s’estompe au fur et a mesure et laisse la place a des impressions minérales et fruitées, c’est le royaume des abricots secs, du pamplemousse et de la pate de coings !
Finale : Moyen longue, plutôt diffuse mais agréable ou les coings se transforment en bonbons acidulés, citron et orange.
Un rye très apprécié outre atlantique. Particulièrement savoureux et unique au nez. Plus classique en bouche avec une amertume un poil trop prononcée. Se boit très bien sec et merveilleux dans les cocktails !
Note : A-
Prix : 50 dollars (bourgeoisie du grand nord)
Intéressant, une chance de croiser cette fiole sur les étals de nos cavistes français ?
Je ne pense pas qu’il soit disponible en France. C’est dommage parce que certains Rye Canadiens sont merveilleux mais très mal distribués, meme aux Etats Unis. On peut trouver en France l’expression classique Canadian Club qui s’en rapproche légèrement, sans en avoir la complexité (18 euros a la maison du whisky). Le seul excellent Rye Canadien disponible en Europe est commercialisé par Whistle Pig, une compagnie basée dans le Vermont et qui met en bouteille un 100% Rye produit par Alberta Distillers. J’ai l’intention de publier sur le site une note de dégustation dans les semaines qui viennent. On le trouve en Angleterre mais ce n’est pas donné: https://www.masterofmalt.com/whiskies/whistlepig/whistlepig-10-year-old-whisky/
Article très intéressant sur le rye whisky