Le monde se divise en deux catégories: ceux qui adorent le gin et ceux qui le détestent. Vous l'aurez compris, je fais partie de la première catégorie. Les arguments de ceux qui le détestent sont aussi divers que variés: "c'est un alcool de mémé anglaise", "ça me rappelle ma première cuite dans une boite de nuit de province dans les années 80" ( le gin & tonic avait alors la côte), ou plus simplement "c'est dégueulasse : il n 'y a que les oiseaux pour apprécier les baies de genièvre".
Alors j'en conviens le gin n'a pas la côte en France et souffre d'une image déplorable. Quand tous nos voisins se la collent au G&T (gin tonic), on continue d' écluser du whisky coca. Malgré ce déficit d'image la France produit d'excellent gins. On pense notamment à Citadelle, Diplôme, G'vine mais d'autres acteurs débarquent aujourd'hui sur un marché pourtant peu porteur. C'est le cas d'Audemus Spirit fondé par Miko Abouaf qui produit un excellent gin aux baies roses dans des quantités très limitées. La démarche peut sembler folle mais chez Miko la passion l'emporte sur la raison et c'est ce qui rend son produit extraordinaire.
Miko est un citoyen du monde, polyglotte il grandit en Australie puis s'installe en Angleterre avant de partir en Espagne pour finalement poser ses valises à Cognac où il lance début 2013 son projet de gin. Quand on entre chez Miko on comprend assez vite sa démarche, sa maison cognaçaise accueille son domicile mais également sa distillerie et son salon ressemble davantage à une officine d'herboriste auquel on aurait adjoint un labo de chimiste qu'à un living room tiré d'un catalogue Habitat. L'ensemble ne manque pas de chaleur, les flacons au contenu expérimental ornent les étagères, les bonbonnes de distillat de baies roses se reposent dans la cheminée et les machines de chimistes, sorte de cathédrales de verre, sont installées dans un coin de la pièce.
Ce lieu respire la passion et on imagine assez bien Miko passer ses longues soirées d'hiver à tester des distillations de végétaux aussi inconnus que savoureux. Pour cela il dispose d'un Rotovap, machine infernale qui distille à basse température et permet ainsi de travailler des produits fragiles (fleur, miel...) sans les dénaturer. On croise ainsi sur ses étagères des distillats de bergamote, vetiver, lapsang souchong, bâton de cannelle, cardamome...
De ces expérimentations résulte l'excellent Pink Pepper gin créé à partir de genièvre, baies roses, cardamome, fève tonka, vanille, miel. L'ensemble est surprenant, le genièvre s'efface au profit de la baie rose et la fève tonka. Pour le déguster, inutile de se casser la tête, ce gin est tellement original qu'il sublime un G&T. La recette? Rien de plus simple....5cl de Pink Pepper, 10 cl de tonic, un zeste de pamplemousse exprimé et beaucoup de glaçons!
Les parisiens n'auront aucune difficulté à trouver ce gin chez Julhès (rue du fbg St Denis dans le 10è), les autres peuvent réclamer à leur caviste de le commander chez Marussia qui en est le distributeur en France.
Merci beaucoup, Jonas, pour cet article très généreux et a point sur l’esprit Audemus & Pink Pepper Gin! Merci!
A très vite… avec des nouveaux produits, sûrement.
P.s. c’est normale que le salon ne ressemble pas a un catalogue – les étagères et le style était fait main par le génie et l’autre moitié d’Audemus, Ian Spink!