Ce Whisky peut se voir comme une allégorie, une forme d’hommage à tous ces enfants, brillants ou pas, dont les parents ont clairement manqué d’inspiration au moment de leur trouver un prénom. C’est sans doute pour tous les Fetenat, les Mhoammed et les Jean-Pascal que le département marketing a choisi d’appeler ce merveilleux whisky Bowmore Devil’s Cask, un nom aux accents de purgatoire qui n’évoque rien, si ce n’est la particularité du baril. Et de baril il est ici question, puisque le whisky a été vieilli pendant 10 ans dans des futs de Xeres (sans doute Olorosso) de premier remplissage, une pratique qui tend malheureusement disparaître.
Jusque dans les années 70, la plupart des whiskies d’Islay (et d’Ecosse plus généralement) étaient vieillis dans des futs provenant de la région de Xeres, ce qui leur donnait une corpulence et une profondeur inégalables. Aujourd’hui ce sont surtout des futs de bourbon provenant des USA qui sont utilisés. Ainsi tous les Islays d’entrée de gamme (Ardbeg 10, Laphroaig 10, Caol Ila 12, Bowmore 12, Lagavulin 16…) sont maintenant élevés dans du chêne Américain, principalement pour des raisons économiques.
Bowmore est la plus vieille distillerie d’Islay (fondée en 1779), mais elle a, dans les dernières décennies, cédé du terrain à ses rivales de la cote sud-ouest à l’identité plus affirmée. Dans le whisky tout commence avec le jus et Rachel Barrie, le maitre (maitresse) distillateur maison, est à l’origine d’une opération de reconquête qui semble porter ses fruits. Ce Bowmore au nom d’enfant triste, mais au caractère bien trempé, est sans aucun doute l’un des whiskies les plus remarqués de l’année écoulée. Une raison de plus de passer tout de suite la dégustation.
Œil : Bois ocre
Nez : Tourbe et sherry donnent surtout des saveurs médicinales : cola, caramel, réglisse, eucalyptus et menthol. Un peu d’huile de moteur, phénols, mais moins présents que chez les Bowmore habituels (Tempest). Tabac blond, raisins de Corinthe, sucre roux et fruits fermentés. On y trouve également du cuir, de la cannelle et du jambon de pays. Il y a vraiment quelque chose de suave dans cet Islay à forte coloration Ibérique. Un bien beau nez.
Bouche : L’attaque combinée du sherry et de la tourbe est puissante. Tabac et bois. On est un peu surpris de ne pas retrouver les saveurs chocolatées que l’on retrouve souvent dans les Islay vieillis en futs de Xeres. C’est plutôt salé et terreux, ce qui rajoute un coté maritime, épais, et long en bouche. Le Sherry se dissipe progressivement pour laisser la place à des notes aromatiques, herbes, réglisse, anis et menthe. La guilde des marchands de pastilles pour la toux s’est donnée rendez-vous dans ma bouteille. Belle tenue et digression vers sensations sucrées de caramel.
Finale : Longue. Elle est bien équilibrée avec une pointe de gentiane vers la fin. Ce Bowmore a une claire prédilection pour les racines. Doit on y voir le retour imminent du Rhizome ? Gilles et Félix m’entendez vous ?
Un Bowmore vieilli en futs de sherry de premier remplissage, c’est devenu chose rare de nos jours. Malgré ce nom affreux qui nécessiterait un nouveau bapteme, on ne va pas bouder notre plaisir. L’une des sensations whisky de l’année passée, C'est un small-batch (10 000 bouteilles) et il est malheureusement devenu difficile de s’en procurer, gardez bien les yeux ouverts, on ne sait jamais.
Note : AA- (Masaru)
Prix : 80 euros au départ (Bourgeoisie de Province), plus de 200 aujourd’hui, il ne fallait pas s’endormir au démarrage…
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