Caol Ila Moscatel (43%, OB. 2013). Suzer n'est pas tromper !

On a tous un whisky totem. Et pas besoin d'être le Docteur Freud pour savoir que les racines de cette inclination plongent dans notre inconscient. Un peu comme Lagavulin pour d'autres, Coal Ila a joué un rôle important dans mon éducation et, comme l'instituteur qui nous a appris à lire, c'est un précepteur que l'on n'oublie pas. Pour toutes ces raisons j'ai toujours une bouteille de 12 ans à la maison et je guette les éditions périodiques.

Caol Ila est la distillerie la plus orientale de l'île d'Islay. Ses alambics en oignon sont les premiers à voir le soleil se lever sur "la perle des Hébrides", depuis la magnifique baie vitrée de la salle de distillation. Elle offre un magnifique panorama sur l’île voisine de Jura et sur le détroit qui l’en sépare, le fameux Caol Ila. Appellation d’origine contrôlée ! Le malt est produit à Port Ellen et le vieillissement se fait en fût de chêne. Bref, un Islay de souche – comme dirait Manuel Valls.

Pourtant, Caol Ila n’est pas la distillerie la plus connue de l’île. Double contradiction car c’est une des plus active en terme de production. Mais une grande partie du whisky est destiné au marché du blend car sa tourbe fine et sa fumée légère plaisent beaucoup aux assembleurs.

Distillerie_caol-ila

Un site idéal !

Caol Ila appartient à Diageo et comme c'est devenu une habitude, le trust international, publie chaque année des éditions particulières de ses "Classic Malts". Les "Distiller's Edition" sont des versions en "double maturation" des expressions classiques. En clair, le jus passe six mois de plus dans des fûts ayant hébergé des alcools à forte identité gustative. Ici le Moscatel, célèbre vin d'Espagne  aux arômes sucrés. Cela donne au whisky une tonalité différente sans rompre avec son identité. C'est souvent très intéressant quand on aime une marque. On retrouve ce qui nous plaît avec cette pointe de nouveauté qui évite la lassitude. La vie quoi. Mais voyons ça de plus près.

caol-ila-DEOeil : ambre très claire, reflets cuivrés. Plus sombre que le 12 ans, connu pour son aspect d’un translucide verdâtre. Un effet des fûts de Moscatel et du soleil d’Espagne. Et toujours ce caractère huileux.
Nez : D’abord les phénols typiques de Caol Ila. Ambiance de garage auto tempérée par le caractère herbacé. Vanille, agrumes – citrons confits. Ensuite un peu de chocolat à l’orange. Des fleurs aussi, un brin amères. Poisson (hareng ?). Un nez complexe et prometteur.
Bouche : Grosse surprise ! D’abord une vague de tourbe sucrée très surprenante et ensuite une amertume difficile à définir. Il faut s’y reprendre à deux fois pour comprendre. Pourtant mais c’est bien sûr ! De la Suze ! Les fleurs – gentiane –  et les agrumes lui donnent ce caractère d’amertume et de parfums capiteux. C’est beau tellement c’est surprenant. Les sucres des fûts de Moscatel se libèrent, chocolat et citron.
Finale : On revient sur des arômes plus classiques, fumée, chocolat et agrumes.

 Cette édition n’est pas une simple redite tunée de la version classique. C’est un whisky différent doté de ses propres caractéristiques et qui n’a rien d’artificiel. Beau travail et excellent rapport qualité prix pour le seul whisky du marché à fleurer bon cet alcool oublié de notre patrimoine : la Suze !

Note  : A

Prix : Bourgeoisie périurbaine (environ 50 euros)

 

 

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