Il est acquis que le dry martini est un cocktail bourgeois et mondain. En effet ses plus fidèles représentants sont toujours les mecs qui ont les plus belles pompes et les plus grosses voitures. Il suffit de regarder un peu du côté de James bond qui est un peu le dry martini personnifié, jetez un œil à ses pompes italiennes et à ses bolides anglais (l'inverse est aussi valable) et vous comprendrez assez rapidement que le type n'a pas grandi dans une famille de mineurs polonais immigrés dans un coron du nord de la France pour raison d'épidémie de peste bubonique dans son pays d'origine. A l'inverse il a grandi au bord d'un loch écossais et il pratiquait déjà la chasse à courre à l'age ou nous, simples mortels, nous contentions de jeter des cailloux à de vulgaires pigeons.
Les autres ambassadeurs du dry martini ne sont pas en reste, ce brave sir Churchill n'a jamais prétendu appartenir au lumpenprolétariat, son père était en effet duc de Marlborough et sa mère fille de millionnaire, autant vous dire tout de suite que le bonhomme n'a pas été éduqué à l'alcool à petites gorgées de mauvais picrate en fin de repas dominical mais on lui a tout de suite inculqué le goût des bonnes choses à grand renfort de château Petrus. Cette éducation privilégiée lui a donné le sens de la tirade et un amour immodéré pour le dry martini.
Ces deux exemples devraient suffire à vous convaincre que cette exquise boisson évoque la sophistication et le raffinement que l'on retrouve d'ailleurs dans la pureté cristalline de sa couleur.
Il pourrait donc paraître évident que ce cocktail se déguste traditionnellement en smoking lors des réceptions mensuelles au Marylebone Cricket Club, pourtant, étant donné sa puissance, il est parfois préférable de le déguster à la maison. Il est d'ailleurs fort peu recommandable d'envisager un retour en transport personnel après en avoir bu plus de deux. Vous risqueriez de finir dans un platane et vous pourriez dire adieu à votre hypothétique carrière de joueur de polo qu'était censée vous assurer l'absorption en quantité illimitée du dit breuvage. Il est essentiel de jouer à domicile car votre carrière dans le polo est bien plus importante que celle de vos convives.
De plus, étant donné les tarifs prohibitifs pratiqués par les couturiers, il n'y a que peu de chances pour que vous possédiez dans votre garde robe un smoking digne de ce nom.Je vous suggère donc pour des raisons évidentes de budget et de confort de recevoir vos amis paré de votre plus belle robe de chambre monogrammée à vos initiales. Vous pouvez également envisager le port de pantoufles confortables, cela vous évitera d'abimer votre parquet Pour autant, cette tenue, aussi peu conventionnelle soit elle en société, peut s'avérer être très distinguée si vous choisissez un modèle en soie que vous compléterez par un gilet en cachemire. Vous pourrez alors servir une quantité non négligeable de dry martini à vos commensaux avec le sérieux qui vous caractérise.
Si vous faites preuve d'application il y a fort à parier que vous finissiez par culbuter les convives car comme le disait élégamment Dorothy Parker : « J'aime boire un martini, deux tout au plus. Après trois je suis sous la table et après quatre je suis sous mon hôte. »
Le port de la robe de chambre prendra alors tout son sens et vous assurera une prompte mise en action.
J.V.
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