Don Corleone eut été distillateur qu’il aurait fondé un établissement comme Glenfarclas. Non que l’auguste distillerie adoptât jadis des méthodes comparables à celle de l’entrepreneur sicilien mais bien parce qu’il s’agit d’une véritable entreprise familiale où tradition, héritage etpermanence ne sont pas des vains mots.
En effet, dès l’étiquette, on note la permanence. La mention Highland Single Malt pourrait tromper le chaland mais elle signale la puissance de la production, comme pour se désolidariser du Speyside – où la distillerie est pourtant implantée depuis le XVIII° siècle. On aurait pu d’ailleurs intituler cet article : La querelle des anciens et des modernes car c’est toute l’histoire récente du Speyside que l’on entend sourdre en ouvrant ces bouteilles. En clair ?
En clair, Glenfarclas est un emblème car ses propriétaires ont refusé de céder aux effets de mode en allégeant leur whisky. Ici on n’a jamais transigé et le distillat est resté assez lourd pour supporter des vieillissements de cinquante ans. La vue de la distillerie est trompeuse car elle possède les plus hauts alambics de la région, ce qui pourrait laisser penser que le whisky est léger. Mais le coeur de chauffe est resté le même et dégage une énergie qui donne tout son corps à la production. On se targue de tout faire à l’ancienne, ce qui explique le caractère ancestral, lourd, cuit et rond de ces whiskies dont nous testons aujourd’hui deux expressions.
La première, classique est un 12 ans. La principale expression de la marque est un 10 ans mais pour quelques deniers de plus on a droit à deux années en tonneau ce qui n’est pas désagréable avec ce type de whisky. Alors ?
Couleur : D’une ambre curieuse, un rien verdâtre. Chaud.
Nez : On sent le sherry nettement. C’est agréable, rond. Des senteurs automnales. Humus.
Bouche : Confirme le caractère trempé. Grosse chaleur. Très mûr et cuit. Un peu de brûlé, fruits confis. Epices, Sherry. Les feuilles mortes donnent un petit goût de fumée. De l’humus à la tourbe.
Finale : Plus brève que l’automne en Écosse mais épaisse et assez longue. L’alcool demeure, agréable. Très prometteur, on sent qu’il peut vieillir très bien.
Note : BB+ (Neymar) / Prix : Classes moyennes (avant impôts)
La seconde expression que nous goûtons est un 21 ans. Toutes les promesses du jeune se réalisent dans ce whisky plus adulte.
Couleur : Ambre sombre, feuille morte.
Nez : Le bois a pris de l’espace. Cuir, pruneaux, très épais.
Bouche : Très complexe, sucrée, miel. Suave et chaude. Un brin de mystère, un peu fumé et boisé. Excellent. L’alcool est très agréable.
Finale : Un peu de café et de tabac, donne envie de fumer.
Note : A+ (Rotschild)
Prix : Bourgeoisie de province
Conclusion :
Nous sommes là en présence de deux très bons whiskies. Le plus jeune se rapproche d’un Highland Park du même âge mais lui reste inférieur car le distillat mérite un plus long vieillissement. Le 15 ans doit être une bonne alternative – bientôt en test. Le 21 ans est un whisky de la maturité, de haute qualité, excellent en tous points et pour le prix, très compétitif. L’un comme l’autre figurent une excellente porte d’entrée dans cet univers singulier.
D.N.
Trois ans plus tard, pensez-vous que le 21 vaille toujours le coup, pourvu qu’il soit à prix raisonnable ? Car il est sur le net des avis bien plus mitigés que le vôtre, et qui auraient tendance à pas mal me refroidir, alors qu’a priori, ce serait plutôt le genre de bouteilles que j’apprécierais (j’aime bien le 17).
Bonjour,
a priori Glenfarclas est assez régulier dans ses productions. Certains préfèrent le 17 au 21, la jeunesse lui conservant plus de tonus. Le 21 joue plus dans la catégorie » whisky de sénateur ». Pour l’hiver c’est pas mal – et en plus il reste abordable…
Merci de votre réponse ! C’est exactement ce que je recherche : le froid arrivant, j’ai soif de gros sherry, sur les fruits rouges et noirs, le chocolat et le café, afin de passer l’hiver, et vu que celui-ci est assez abordable pour son âge (pourvu qu’on sache où l’acheter)… Mais justement, pour un whisky de cet âge, on ne peut pas dire que Serge Valentin lui donne une bonne note, et la récente critique de Monsieur Dram fait assez peur. Les avis sur WB sont aussi assez partagés. Du coup je me demandais si je ne ferais pas mieux d’aller chercher mon whisky hivernal ailleurs, par exemple chez Glendronach…
Glendronach c’est une valeur sûre, dommage que le 15 ans ne soit plus dispo car c’était vraiment un super rapport qualité prix. En fouillant un peu chez Glendronach il doit y avoir moyen de trouver des single casks assez jeunes autour de 80 €. On a un 11 ans de 2002 qu’on avait payé 60€ à la distillerie et c’est une vraie merveille. Sinon dans le genre sherry bomb il y a toujours le Abunad’h de Aberlour qui fait vraiment bien le job autour de 60€.
Oui, j’avais pensé à l’Abunad’h également, mais je m’y perds un peu entre les différents batchs, et le degré alcoolique conséquent n’en fait pas vraiment un daily dram, je pense. Pour la sherry bomb cask strength, je pensais déjà faire l’acquisition d’un Kavalan Solist (après l’ex-sherry oak, qui m’avait beaucoup plus). Pour les Glendronach single cask, jusque là je n’en ai pas trouvé à moins de 99€, mais en cherchant mieux, qui sait… En tout cas, merci de vos conseils !