Il fut un temps pas si lointain ou les bouteilles de Karuizawa restaient disponibles en magasin et sur le site de La Maison du Whisky pendant plusieurs semaines. Pour une raison qui m'échappe, c'est à la fin de l'été 2013 qu'il est devenu virtuellement impossible de se procurer des bouteilles de la distillerie disparue des Alpes japonaises. Effet de mode ou angoisse subite des amateurs du monde entier à l'idée de voir les stocks de Number One Drinks fondre? Toujours est-il que c'est à ce moment là que les prix ont flambé sur les sites de vente aux enchères, que les magasins en ligne ont été pris d'assaut à chaque nouvel arrivage, et que certains cavistes se sont mis à cacher les rares bouteilles sur lesquelles ils arrivaient à mettre la main...
Il n'est plus aujourd'hui question de se procurer de bouteille de Karuizawa à la régulière, mais on tombe parfois sur un sample ou, plus rarement, on a l'occasion d'en gouter chez un ami dispendieux ou un bar bien achalandé. Ce dernier cas de figure s'est présenté à moi dans un excellent bar à whisky de New York, Copper and Oak, et je n'ai pas laissé passer l'occasion de gouter ce Karuizawa 1981 Cask 6207, pour environ 40 euros le verre. Ce n'est pas vraiment donné, mais il faut parfois savoir mettre la main à la poche...
Ce Karuizawa, comme beaucoup d'autres, a été embouteillé pour La Maison du Whisky (en 2011) et mis sur le marché dans la Collection 2012 de la célèbre boutique parisienne. Si vous avez envie de vous faire mal aux yeux, le catalogue est encore en ligne ici. Les prix des single-casks japonais ont été en moyenne multipliés par dix. On ne vous avait pas prévenus? Rassurez-vous, nous non plus! C'est l'un des Karuizawa les moins bien notés sur whiskybase, ce qui ne nous empêche pas d'avoir envie de le gouter...
Œil : Cuivré Léger
Nez : Ce nez ! Karuizawa à fond les ballons, unique et indémodable. Mélange de fruits tropicaux et verts, de bois mouillé, cuir vieux, cola, tabac blond et vanille de Madagascar. Impressions cuivrées et retour des fruits avec de la pêche et des abricots. Un nez « classique » de Karuizawa, plutôt subtil et sur la retenue.
Bouche : Assez fermée, tend vers le bois et les fruits à coques ; amandes et noisettes sont bien mises en avant. Quelque chose de feutré et rond : caramel au beurre. Sur le sel et l’iode. Retour des arachides, façon comptoir. Tout cela est suivi d’une petite amertume. Cake aux fruits. Le sucre vient sur la fin avec une impression de creme glacée vanille et caramel. L’adjonction d’eau fait apparaître des notes de céréales, oatmeal.
Finale : Longue et sucrée. La minéralité fait penser à certains Clynelish (1972 je te vois), notes de réglisse et de pamplemousse.
Ce n’est certainement pas le meilleur Karuizawa mais il s’enquille plutôt bien. Manque un peu de complexité mais les marqueurs de la distillerie sont bien là, en particulier au nez. Très belle finale minérale quand même. Un coté bancal, décadent et un peu a l'arrache qui rappelle les films de yakuza série B délirants de Takashi Miike.
Note : AA- (Takashi Miike)
Prix : Il semblerait qu'il y ait un blaireau en Suisse qui cherche à le vendre 7500 balles. Le pauvre type doit se prendre pour un Yakuza...
L'intro de Dead or Alive de Takashi Miike. A ne pas montrer aux enfants...
Il existe effectivement une raréfaction des bouteilles de whisky japonais qui se manifeste par l’augmentation du prix des bouteilles !
ça fait deux fois que je vois l’expression « bien achalandée » utilisée à mauvais escient. Pourtant, je vois utiliser le mot « chaland » dans le contexte approprié. Quelle est donc ce paradoxe ? Le chaland est un client donc une boutique bien achalandée est une boutique pleine de … clients.
😉