Pour fêter la nouvelle année nous nous offrons un plaisir rare: un verre de ce qui est aujourd'hui l'un des whiskies les plus recherchés au monde: Pappy Van Winkle 20 ans.
Ce bourbon est une véritable légende outre-Atlantique ou il est connu de tous, mais rares sont ceux qui ont eu la chance de le gouter. Le whiskey de la famille Van Winkle qui est mis sur le marché un fois l’an, au mois de novembre, ne reste jamais plus de quelques heures sur les étals des cavistes. Si Mircea Eliade n’aurait pas hésité à parler de « mythe de l’éternel retour », ce Pappy au nom batave nous fait plutôt penser à un autre disparu, toujours annoncé revenant, mais qui semble ne jamais être la pour frapper au portillon : notre ami Jah Rastafari. On se permettra donc de reprendre à notre compte l’excellent « Guess Who’s Coming to Dinner » de Black Uhuru :
Guess who’s coming to dinner, natty dreadlocks
Oh I can see you brought some Pappy for me, natty dreadlocks
L’histoire de ce bourbon sorti d’un conte de fée moderne commence avec Julian «Pappy » Van Winkle qui fit construire la distillerie Stitzel-Weller à Louisville (Kentucky) en 1935, à la fin de la prohibition. Il se distingua de la concurrence en choisissant d’utiliser une formule qui remplaçait le seigle par du blé en complément des 51% de mais nécessaires pour l’obtention du label bourbon. Ce « wheated bourbon » fut plus tard copié par Bill Samuels Sr., le fondateur de Maker’s Mark, avec le succès que l’on sait.
La crise du bourbon qui fit rage dans les années 80 eut raison de la ténacité des Van Winkle qui furent forcés de vendre leur distillerie a Diageo, mais il conservèrent le droit d’utiliser la marque « Van Winkle » et lorsque Stitzel-Weller fut fermée en 1992 ils commencèrent a embouteiller les futs qu’il leur restait. Allant à contre courant de la tendance ils choisirent de mettre sur le marché des whiskies très anciens et en quantité limitée. Intuition de génie ou politique commerciale dictée par des contingences matérielles, cela donna en tout cas naissance a un véritable culte qui trouva son apogée il y a quelques semaines lorsque la presse nationale fit ses choux gras d’une affaire de vols de bouteilles dans les hangars de Buffalo Trace, qui produit depuis 1993 l’élixir merveilleux. La gamme Van Winkle comprend six expressions dont un Rye 12 ans et trois Pappys: 15 ans, 20 ans, et 23 ans.
Le Pappy 20 ans que nous goutons aujourd’hui, embouteillé en 2012, provient donc du dernier whisky produit et mis en fut à Stitzel-Weller, une raison supplémentaire de ne pas attendre plus longtemps pour gouter…
Oeil : Ambre profond
Nez : D’une élégance remarquable, des parfums clairs mais qui donnent toujours dans le raffinement. Caramel très présent au premier abord, cire, un parfum épais et sirupeux, vanille qui évoque le flan maison de maman et le bois des souvenirs d’enfance en nous rappelant que la proéminence des senteurs de chêne est une composante essentielle du bourbon. Finalement apparaissent des notes de cuir et de tabac blond. Ce Van Winkle ne serait il pas au Bourbon ce que les vieux Karuizawa sont au whisky ?
Bouche : L’attaque est très franche avec un caramel proche de celui du nez, mais il laisse rapidement la place à des notes épicées particulièrement longues qui s’accompagnent d’une légère amertume typique. Cette dernière finit par se dissiper au profit de notes sucrées d’agrumes, de cannelle et de miel qui semblent fondre éternellement et finissent par se transformer, au bout de quelques minutes, en gomme de réglisse vanillée, mon bonbon préféré : Pappy nous a encore filé des bonbecs en douce. La classe avec une pointe de filouterie. Une merveille !
Les grands whiskies ont cela de particulier qu’ils semblent durer éternellement en bouche et nous donnent envie de plus jamais rien boire ou manger dans l’espoir qu’il restera toujours un peu de ce gout fabuleux. Ce Pappy Van Winkle 20 ans est de cette trempe et l’on comprend pourquoi certains amateurs sont prêts a débourser des sommes folles (de 500 à 1500 dollars selon l’appétit du receleur) pour en acquérir un bouteille.
Note : AAA (Vivian Jackson)
Prix : 141 à 1500 dollars (Aristocratie Financière)
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