En France la Scotch Malt Whisky Society (SMWS) était une belle endormie. Le club ne comptait plus que quelques membres actifs et les évènements dédiés à ces embouteillages avaient disparu des radars de la planète malt. Aujourd'hui on assiste à la renaissance de cette vénérable institution avec Richard Liogier dans le rôle de la sage-femme. Pas cri ni de pleur, juste une nouvelle mise en lumière de cet embouteilleur indépendant qui en a sous le capot.
C'est quoi la Scotch Malt whisky Society?
En 1983, un groupe de potes écossais tombe en pâmoison devant un whisky provenant d'un fut acquis de longue date. Les acolytes, certainement enthousiasmés par les rasades de la dite gnôle, décident de prolonger l'aventure et de créer un club afin d'acheter d'avantage de fûts. Depuis, la fine équipe achète une quantité impressionnante de tonneaux chaque année (entre 2000 et 3000) en provenance de distilleries variées. En vrac on y trouve du single malt de tous horizons, écossais, irlandais, japonais mais aussi du whisky de grain, du bourbon, du rye, du cognac et même du rhum. Chaque fut, une fois acheté, fini de vieillir gentiment dans sa distillerie d'origine ou chez la SMWS. Dans 85% des cas, le jus est embouteillé en n'ayant connu qu'un seul fut mais pour les 15% restant, le club se permet toutes les excentricités en transvasant la gnôle dans des tonneaux ayant contenu des jus folkloriques. On a vu passer du whisky maturé en fûts de vin jaune, Chenin blanc, chêne neuf et même de gin. Le fut de gin, ça tombe pas sous le sens pour un ayatollah du malt et pourtant le résultat déboîte pas mal. Une fois la maturation terminée, tout ce petit monde est embouteillé sans réduction et ce ne sont pas moins d'une trentaine de nouveautés qui débarquent chaque mois dans des quantités limitées à des prix très compétitifs.
Le mystère du code
Les étiquettes de la SMWS peuvent paraître un peu obscures pou les néophytes, elles sont ornées d'un code ésotérique et d'une description des plus imagées. 46.147 "Mexican Breakfast", non il ne s'agit pas là du nom de code du projet fomenté par Donald "Douchebag" Trump pour anéantir les mexicains mais bien du descriptif du whisky. Le 46 indique le nom de la distillerie (ici Glenlossie) et le 147 précise le numéro du fut. Ainsi, ce 46.47 est le 47è fut de Glenlossie embouteillé par la SMWS. Attention ça se complique, le code peut devenir encore plus incompréhensible que n'importe quel langage informatique. G13.1, R3.4, ou B3.2 peuvent déstabiliser, que vient foutre cette lettre ici hein ? Pas de panique elle indique juste qu'il ne s'agit pas d'un single malt mais d'un bourbon (B), d'un whisky de grain (G) ou d'un Rum (R), pour le reste le principe reste le même. Vous l'aurez compris, la SMWS ne communique pas directement sur la distillerie mais il est assez simple de la connaître en apprenant par cœur le tableau récapitulatif que l'on trouve ici. Par ailleurs, l'étiquette indique l'âge du jus et le type de fût utilisé ainsi que des notes de description très imagées. A noter que sur les sorties de mars, les bouteilles dévoileront un code couleur qui permettra de reconnaître les différents profils aromatiques d'un coup d’œil.
Et sinon c'est du bon matos?
N'y allons pas par 4 chemins, l'offre est pléthorique, avec plus de 20 nouveautés par mois vous trouverez forcément whisky à votre gosier. On a eu l'occasion de goûter une vingtaine d'embouteillages sortis ces derniers mois ainsi que quelques vieilleries sorties il y a quelques années. L'ensemble est très hétéroclite, du moyen, du très bon et du carrément génial. On repense avec émotion au 26.168, un Clynelish 1992 âgé de 18 ans qui nous a mis une tarte phénoménale, un whisky d'une précision dingue tout en délicatesse qui nous a envoyé au paradis du malt. Dans les sorties récentes on a surkiffé le 29.197, un Laphroaig âgé de 21 ans du genre carrément jouissif qui envoie les fruits tropicaux comme à la grande époque d'Islay. Avec un stock de whisky hallucinant, la SMWS peut même se targuer de mettre en bouteille des distilleries qui ne sont pourtant pas préteuses. Ainsi, on trouve du Glenmorangie qui n'est pourtant jamais représenté chez les embouteilleurs indépendants. L'autre intérêt de la SMWS réside dans les tarifs qu'elle propose, c'est super compétitif pour du single cask brut de fut. Le Laphroaig 29.197 qu'on n'est pas près d'oublier tourne autour des 170€, alors certes ce n'est pas donné mais à ce prix c'est impossible de trouver un truc aussi mortel. Sinon on peut trouver des Bowmore de 17 ans aux alentours de 90€, et ça c'est vraiment un bon plan.
On achète ça ou?
Pour acheter ces bouteilles, le mieux est d'adhérer au club et de les commander sur le site officiel. L'adhésion coûte 75€ par an dans son mode classique ou 135€ avec en prime l'envoie d'un coffret comprenant 3 mini bouteilles de 10 cl. L'adhésion n'est pas donnée, le club est donc réservé aux gros amateurs de whisky mais les tarifs avantageux sur les bouteilles permettront de rentrer dans ses frais pour peu qu'on achète plusieurs bouteilles par an. Il est également possible de se procurer les embouteillages de la SMWS chez les cavistes partenaires mais les tarifs y sont majorés. Sinon, il est possible de déguster tout ça dans certains bars, Night Flight, Beaucoup, Esquisse, Gentleman 1919 et les Rouqins à Paris; Carry Nation et Intercontinental à Marseille, Antiquaire à Lyon, Point Rouge à Bordeaux. Des soirées sont également organisées pour découvrir les nouveautés avant de les acheter.
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