De passage à Singapour pour les fêtes de fin d'année, on a fait un (en fait plusieurs) tour(s) à The Auld Alliance. Comme à chaque fois qu'on passe au bar d'Emmanuel Dron, on en a profité pour gouter un des embouteillages de Brora faisant partie des légendaires Special Releases de Diageo. Nous avons opté cette fois-ci pour l'embouteillage 2003, Brora 2nd Release, l'un des derniers manquant à notre tableau de chasse.
Les amateurs chevronnés de Brora semblent capables de se muer en sociologues Wébériens et de grouper les Special Releases de l'illustre distillerie des Highlands du Nord par rapport à un idéal-type fait de tourbe, de cire, de minéralité et de leur teneur en notes fermières (qui sont l'une des marques de fabrique cette distillerie disparue). En suivant ce modèle, on obtient une typologie qui ressemble à peu près à ça:
- 1st et 2nd release (30 ans 2002 et 2003): Profil fermier léger, minéral et ciré.
- 3rd, 4th, 5th et 6th release (30 ans de 2004 à 2007): Profil fermier prononcé, plus complexe et tourbé, style Brora au top.
- 7th, 8th, 9th release (25 et 30 ans 2008 à 2010): Les embouteillages les moins intéressants, style plus moderne et proche des bons Clynelish de la même période.
- 10th release to infinity (de 32 à 38 ans): Surtout composés de whisky distillé en 1977 et 1978. Du très gros matos, complexe, mais plus minéral et ciré. Du Clynelish survitaminé avec quand meme des notes de ferme caractéristiques.
Voyons ci ce Brora 2nd Release se conforme à ce modèle que l'on se fait des meilleurs crus de la distillerie mythique du Nord-Est de L'Ecosse...
Oeil: Doré profond
Nez: Iodé et médicinal. Fruits macérés, compresses, un poil plus sucré qu'à l'habitude peut être. Des traces de fruits à coque pour faire fuir les allergiques au bon jus... Les notes fermières classiques sont là avec du fumier, de la paille et des choses du genre. Un matos bien vieilli. Apres 15mn dans le verre, fruits tropicaux bien mûrs et intensité olfactive de malade. Bois ciré et verni à ongles.
Bouche: Explosion de mentalité et de sucré-salé. Un max de sel et d'iode et une grande minéralité qui rappellent le caractère Clynelish. Austère et viril avec du cuir du souk, du tabac à chiquer et un poil de la fumée de pipe façon Old Olborn. Ultra dense. Cirage. Caramel brulé (comme quand maman fait un flan), chocolat 80% de cacao et reglisse noire qui donne l'impression de sucer un baton (de réglisse).
Finale: Longueur et decadence, amertume, mineralité et la champétritude typique du coin. Un max d'étable sur la fin. A mi-chemin entre le Larzac et le firth of Dornoch. Bisou😘
Du gros matos évidemment que ce Brora 2nd Release, sans doute un peu en dessous du 3rd Release que l'on avait adoré, mais on va quand même éviter de trop chipoter... Ce qui le rend intéressant c'est qu'il se situe entre les expressions les plus grasses et typées du début des années 70 et celles, plus ciselées et minérales de la fin de la décennie. Une sorte d'idéal type du Brora.
Note: AAA (Max Weber)
Prix: Environ 1000 euros aux enchères (Andrew Carnegie)
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