Comment écrire a propos d’un whisk(e)y que l’on n’aime pas ? On peut d’abord noter les circonstances de son acquisition, l’insistance de ce caviste de Williamsburg au gout ou aux intentions douteuses. On peut aussi facilement verser dans l’hagiographie et noter que ledit colonel, confédéré de son état, fut, au sortir de la guerre de sécession (1870-1878), le propriétaire de la distillerie aujourd’hui connue sous le nom de Buffalo Trace. Un personnage de premier plan donc dans la construction de la légende du plus célèbre spiritueux américain, E. H. Taylor fut de ceux qui se battirent et obtinrent la promulgation du Bottled in Bond Act en 1897 édictant un certain nombre de règles pour s’assurer de l’obtention d’un jus de qualité : tout whiskey affichant ce label doit être produit dans une distillerie unique, embouteillé a 50%, et vieilli dans un entrepôt controlé (bonded) par le gouvernement fédéral pour au moins quatre ans. C’est bien entendu le cas du bourbon que nous testons aujourd’hui et qui, suivant une tradition solidement ancrée dans une industrie du bourbon qui n’a de cesse de cultiver sa propre légende, se veut un hommage a ce cher colonel.
La gamme E.H. Taylor est produite par Buffalo Trace et me semble avoir été pensée comme un palliatif a la remarquable Antique Collection que la distillerie de Frankfort, Kentucky met chaque année sur le marché a la fin du mois de Novembre. Elle se compose de trois bourbons (Eagle Rare 17 ans, William Larue Weller, et George T. Stagg) et de deux ryes (Sazerac 18 ans et Thomas H. Handy Sazerac). Il est a noter que Buffalo Trace produit aussi, pour le compte de la famille Van Winkle, la ligne de Bourbons Pappy Van Winkle (15, 20 et 23 ans) qui est l’objet d’un véritable culte outre-Atlantique. Lorsqu’on ne peut pas mettre la main sur l’un de ces nectars fabuleux, il ne nous reste donc que ces bourbons de seconde catégorie dont cet E.H Taylor est censé être l’une des meilleures expressions…
Voyons ce qu’il donne :
Nez : Il est plutôt bon et trompeur, des notes de bois qui rappellent les whiskies illustres de Buffalo Trace (Eagle Rare 17 ans, George Stagg), une vague odeur de prune et une légère pointe de fumée, avec laquelle viennent des senteurs de tabac. Un nez assez typique, velouté et plaisant, une ambiance lounge.
Gout : C’est la que le bat blesse, les puissantes notes de tabac d’agrumes s’estompent rapidement pour laisser place a un gout diffus de miel et d’agave (téquila ?) puis plus grand chose. C’est pourtant un bourbon assez âgé, essayons encore : si la fumée est encore bien présente au final elle s’accompagne d’un certaine acidité assez déplaisante. On ressort de cette dégustation un peu frustré en se disant que le contenu des meilleurs futs maison a sans doute fini dans d’autres bouteilles...
N’est pas maréchal qui veut et n’en déplaise a Gérard Longuet, Claude Guéant et tous les collabos en cavale, ce pauvre Edmund Haynes Jr. n’était qu’un vulgaire colonel, mais cet ersatz de bourbon supérieur leur rappellera sans doute le bon temps. C’est un peu l’impression que nous laisse ce jus sans caractère et au prix gonflé. En attendant novembre et la nouvelle antique collection il ne nous reste plus qu’a boire le reste de cette bouteille en whisky sour et nous rabattre sur l’impeccable Evan Williams Single Barrel Vintage 2003 que nous aurons le plaisir de gouter bientôt!
Note: B (Michel Sapin)
Prix: Bourgeoisie de Province ($60-70)
B.M
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