Tous les amateurs le concèdent, l'été est une période délicate pour exercer pleinement sa passion du whisky. Températures élevées, dilettantisme généralisé, camping, Tour de France et j'en oublie, la saison n'est pas exactement à la tourbe et au tweed.
Mais doit-on pour autant baisser les bras et passer deux mois à boire du rosé en attendant le retour de l'automne ? Certainement pas !
Petit tour d'horizon donc des solutions possibles.
1 - Partir en Écosse
Du fait de sa relative proximité avec le Cercle Polaire (l’Écosse est située à la même latitude que le sud de l'Alaska), la Mère Patrie est le refuge idéal pour passer l'été à boire du malt.
Il convient cependant de bien choisir son point de chute car le Sud peut être étouffant et bourré de midges, ces moustiques voraces prompts à vous dévorer pendant vos libations. Idéalement, un petit séjour dans les Iles Orcades devrait vous permettre de boire de l'Highland Park au coin du feu dans l'hiver permanent des îles du Nord.
Cela étant, pour idéale que semble cette solution, elle n'est pas forcément la plus pratique. Heureusement, il en existe d'autres.
2 - Avec des glaçons
Là, on touche au tabou absolu. Il était certes de bon ton jadis de faire tourner des cubes de glaces dans un verre en cristal format "pot de moutarde" mais cette mode est bien passée aujourd'hui.
Mais il y a pourtant un art du glaçon qui perdure, notamment du côté du pays du Soleil Levant. Nous vous avions déjà parlé de l'importance de bien choisir sa glace, et bien les Japonais vont plus loin encore dans le raffinement. En effet, la pratique du Ice Ball – doit-on traduire ? – est devenue au fil des ans, un art comparable à celui du maniement du sabre ou de la taille du bonsaï. Jugez en plutôt avec cette vidéo (ici) du Grand Maître Takayuki Suzuki qui, gageons-le, nous vous laissera pas de glace...
Attention ! Tout cela est très sérieux, plus la boule de glace occupe de l'espace dans le verre, moins elle fondra et plus longtemps elle rafraîchira votre whisky sans le diluer. Mais si depuis Basic Instinct, le pic à glace vous effraie, il existe une solution moins technique, la pierre à whisky (voir fig 1). Taillée dans une roche suédoise aux vertus miraculeuse, cette pierre, une fois sortie du congélateur, gardera votre alcool au frais sans se transformer en flaque au fond du verre. Votre whisky on the rocks n'aura jamais aussi bien porté son nom, c'est vrai, mais il faut aimer le whisky froid. A vous de juger.
Pour en finir sur ce chapitre, si vous décidez de boire un whisky frais, autant le faire avec un alcool qui s'y prête. Evitez les distillats trop lourds et les forts degrés, préférez de jeunes whiskies aux arômes légers. La tradition venant du Japon, pourquoi pas un Hakushu Distiller's Réserve – ou 12 ans si vous voulez faire plus bourgeois ? En scotch, optez pour les version NAS de distilleries comme Glenrothes ou un blend de chez Compass Box.
3 - En cocktail
C'est la première idée qui nous vient. "Pourtant mais c'est bien sûr" s'exclame en effet l'amateur quand la soif de malt est plus forte que la chaleur. Et par chance, le Manhattan est un des meilleurs cocktails qui soit. Seul, bémol, ce n'est pas le plus léger. Si vous voulez suivre vos voisins de camping à coups de Manhattan pendant qu'ils boivent des Mauresques, vous risquez de perdre votre mobil-home à la pétanque.
Parce qu'il est originaire de la Nouvelle Orléans, le Sazerac est peut-être plus indiqué. D'autant qu'il ne contient quasiment que du whisky, ce qui le rend plus digeste. N'hésitez pas à consulter l'excellent article de François Monti à ce propos.
Le Whisky Sour est aussi tout indiqué mais là encore, attention aux coups de soleil car cela se boit tout seul.
En conclusion, les variations ne manquent pas mais elles ne sont pas toutes à conseiller entre deux parties de raquettes sur la plage. Les long drink par contre...
4 - En long drink
Là encore, il s'agit d'un tabou. Et là encore, les Japonais ont su s'affranchir des codes. Car si le whisky-coca souffre encore en France d'une réputation douteuse, il est en revanche très populaire au Japon de boire son single malt, coupé à l'eau gazeuse. Le High Ball est même la manière la plus courante pour les compatriotes du regretté Taketsuru, de boire du whisky. La technique est très simple, dans un verre haut et un peu évasé – de type "High Ball" quoi – versez 5cl de whisky, des glaçons solides et une eau pétillante la plus pure possible. Connu pour ses Ginger Beer et ses Tonic, Fever Tree propose un Soda Water particulièrement indiqué. A vrai dire, ce n'est pas désagréable et cela offre une excellente alternative au Gin Tonic. Et c'est assez exotique. Là encore, privilégiez les whiskies Japonais d'entrée de gamme, les blends notamment.
Le très respecté Dave Broom s'est lui aussi lancé à l'assaut de cet interdit séculaire. Dans son dernier livre, Whisky : The Manual il passe en revue toutes les associations possibles, du thé vert au soda en passant par l'eau de coco et étudie tous les mélanges. Interessante lecture donc qui vous permettra de sélectionner les meilleurs whiskies en fonction de l'usage que vous comptez en faire - là encore, inutile de prendre du Port Ellen pour vous concocter un whisky-coca. Evitez aussi de vous ruer sur les plats cuisinés comme le Jack-Cola ou les prémix Suntory dans la composition desquels on trouve certainement de la viande de cheval.
5 - Avec de la bière
Peut-être la solution idéale. Très populaire aux États-Unis, le Rye-Beer est une technique qui consiste à associer un verre de Rye (ou de Bourbon) à une bière "pour faire passer". Mais là encore, tout est affaire de mariage. Le plus basique reste de boire un verre de Jim Beam avec une Bud mais il y a mieux à faire.
En choisissant une bière plus parfumée, comme une IPA par exemple. Brooklyn IPA et Jim Beam Rye vont très bien ensemble. Moins mainstream un verre de Willett Rye fait des miracles avec une Punk IPA de chez Brewdog.
Dans tous les cas, c'est un condensé d'Amérique que vous avez là et une technique particulièrement éprouvée pour parvenir à boire du whisky en été.
6 - Boire du Rhum
Et si finalement le whisky de l'été c'était le rhum ? L'idée semble aller d'elle-même tant le rhum paraît être le cousin tropical de notre boisson favorite. Alors, oui, l'été est peut-être la saison idéale pour se mettre au rhum, à condition bien sûr de choisir les bonnes bouteilles. Mais là, c'est une autre histoire.
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