Cotswolds, la nouvelle pépite anglaise

Quand une nouvelle distillerie ouvre ses portes aujourd’hui, elle y va généralement à fond sur le storytelling. Inventer une belle histoire autour du glorieux passé du site, des chais ou de l’alambic qui a servi à tirer la quintessence d'un hypothétique terroir. Tout ce blabla est le passage obligé du distillateur en herbe moderne. Pour Cotswolds, ça s’est passé un peu différemment...

 

 

Un jour, un milliardaire américain a eu envie de faire comme tous ses copains milliardaires américains et de posséder sa propre marque de whisky (pour certain c’est un club de foot, chacun son truc). Mais au lieu de racheter au prix fort une distillerie qui tourne déjà bien et qui serait rapidement rentable, il décide de créer son propre whisky en partant de zéro. Il choisit pour se faire une région dont il est tombé amoureux : les Cotswolds. Est-ce dans les Highlands ou la Speyside, me direz-vous ? Vous n’y êtes pas du tout, c’est dans le Warwickshire !

 

 

Un whisky anglais ? Non, merci. On a déjà essayé, ça casse pas trois pattes à un canard...Hopopop ! Pas si vite... Celui-ci vaut vraiment le détour. Histoire d’arrondir ses fins de mois pendant les trois années nécessaires à l’élaboration d’un distillat maturé qui puisse porter le nom de « whisky », la distillerie s’est tout d’abord empressée de sortir un gin, ma foi très correct, assez rapidement estampillé du titre de « Award winning » (appellation très largement galvaudée outre-Manche). Pendant ce temps, ils ont installé leur new make bien confortablement dans des fûts de bourbon de premier remplissage (c’est un peu la base en ce qui concerne le whisky) et en fûts de vin rouge, mais pas que... Fûts de sherry, de madère, de muscat, de calvados et autres fûts de Laphroaig (allô, Penderyn ?) sont autant des tests qui nous promettent de magnifiques single casks dans les prochaines années. Leur premier embouteillage officiel, un « Cotswolds Single Malt Whisky » sans compte d’âge qui titre à 46 %, est un mélange entre les fûts de bourbon et les fûts de vin rouge.

Mais trêve de bavardages, passons à la dégustation :

Cotswolds single malt whisky

Œil : belle couleur dorée... un peu étonnant pour un whisky si jeune, sans ajout de colorant ! On va dire que c’est le vieillissement en fûts de vins rouge...

Nez : transportation instantanée dans un joli verger (anglais bien sûr), un peu frais mais ensoleillé. Les fruits blancs viennent d’abord (pèche, abricot) rappelant certains très bons schnapps autrichiens. Le miel qui vient ensuite vous chatouiller le palais apporte un peu de sucrosité à l’ensemble. Ça donne envie d’aller plus loin !

Bouche : oulà ! C’est de nouveau très riche, assez proche du nez. On retrouve beaucoup de fruits (des poires cette fois) et de céréales. Le genre de truc qui te remplit la bouche et que t’es pas prêt d’oublier !

Finale : moyennement longue, plutôt céréalière. Les fruits restent tout de même présents, la pomme domine. Comme une petite envie de reprendre une gorgée…

Ce Cotswolds est donc un whisky résolument fruité et plein de belles promesses ! La qualité de ce premier jet nous indique que cette jeune distillerie est certainement à garder à l’œil les prochaines années. Ce whisky puceau est – comme les ados de nos jours – étonnamment en avance sur son âge mais il arrive subtilement à se faire une place sur la carte (déjà bien remplie) des whiskys. Vu son prix qui tourne aux alentours des 60 €, on va pas se mentir, on aurait plutôt tendance à penser à un single malt confirmé avec un petit compte d’âge sur l’étiquette, mais la découverte en vaut vraiment la peine ! A l’heure où le whisky anglais peine à se faire un nom derrière les grosses locomotives, Costwolds, désigné « Wold’s best english single malt » lors des derniers World’s Whiskies Awards, arrive peut-être à point nommé...

Prix : 58€ dispo ici                                          Note : BB+

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