Hampden OB 46%. Comme – Don – Papa dans maman !

Miracle dans le paysage actuel, une des distilleries les plus hypes du whisky branlette publie deux expressions quotidiennes à des tarifs tranquilles et en quantité suffisante ! Pas besoin donc d'échanger un organe contre un split de 5cl ni d'embaucher Redoine Faïd pour obtenir une bouteille avant leur stockage au milieu de collections de timbres. Toutes proportions gardées il flotte un air de nostalgie quand on prend son vélo pour aller acheter une bouteille chez le caviste sans qu'elle soit cachée derrière le comptoir, on se souvient du bon vieux temps, quand on allait à Leclerc acheter du Caroni 12 pour passer une bonne soirée entre amis (RIP).

Pour les amateurs de sensations fortes, Hampden c'est La Mecque, le dunder, la Kabaa. On ne va pas  revenir ici sur les spécificités de l'abysse mythique où mature  le secret de la distillerie et autour de laquelle il faut tourner sept fois ( je confonds peut-être) mais on ne peut pas ne pas évoquer ce qui fait le caractère unique de ce que d'aucuns considèrent comme le Ardbeg caribéen. C'est ce qui avait excité tout le monde au moment des HLCF, LROK et consorts, cette concentration aromatique folle et ces esters à faire dégonfler Octomore. Et on ne parle pas des embouteillages Wild Parrot au moment de la sortie desquels les mises en vente de mères ont explosé sur les sites dédiés. Bref quand on a appris que Lucas Gargano faisait du co-branding avec LMDW pour embouteiller un Hampden officiel, y avait de quoi s'exciter. 

Le dunder muck, là où tout commence. Lieu saint !

L'aventurier Italien n'a jamais caché son intention de faire de Hampden le Caroni de sa retraite. A l'heure où des menaces pèsent partout sur les pensions, il a donc fait main basse sur les stocks de vieux rhums, ce qui est autrement plus malin que d'investir dans une assurance vie. En contrepartie il embouteille les rhums officiels de la distillerie, importés en Europe par LM&V... consortium créé pour l'occasion. Bref, c'est un peu "Entra entra bienvenue chez Tony Montana" comme disait la chanson.

Comme à son habitude, il a insisté sur la transparence et appliqué ses concepts de "pure single rum", une "AOC" augmentée ici d'une signalétique régionale. On est donc en face d'un "Pure single jamaïcan rum", appellation un peu branlette mais qui a le mérite de donner envie. En bref donc, du Pot Still, du vieillissement local, de la couleur naturelle, de l'eau qui ne l'est pas moins, pas de sucre et des esters au taquet. Et même une touche éco-responsable. Du sérieux donc, merci Lucas. On goûte aujourd'hui la version réduite qui tire à 46 %.

Oeil : Or, vieux Sauternes. 

Nez : Raisin vieux, écorces, agrumes, citrons et caramel (gasoil-sucre roux). Quelques embruns. Phénol. Dunder plutôt tranquille. Des fruits mûrs, on n'est pas trop dans le délire habituel. Plus de rondeurs et de douceur. Du rhum. 

Bouche : Une attaque assez ronde, vite rattrapée par les caractères de la marque qui surgissent. Des notes plus aigües, acides. Agrumes, raisins, cambouis et chocolat. C'est moins complexe que ses frères mais c'est complexe quand même. Facile à boire. 

Finale : Assez longue pour un rhum dilué. Plus sucrée à mesure qu'elle dure, orange, sarments. Pas mal. 

Note : BBB+ (Manuel Garcia)

Prix : 50 euros environs (Manuel Garcia)

En somme, une bonne bouteille pour faire plaisir à tout le monde. Le genre bordel qui peut devenir comme le Laga 16 ou le Laphroaig 10, un indéfectible compagnon du quotidien.  C'est facile à boire mais complexe, une porte d'entrée efficace dans l'univers d'un rhum qui effraie parfois les néophytes. Le cadeau idéal pour tenter de convertir un ami ou ce vieil oncle qui persiste à vous servir de El Dorado à la fin des repas. On aurait tort de se priver. 

 

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