Coupe du monde Whiskyleaks 2016 : Islay

Le groupe de la mort, la Terre promise etc... Les qualificatifs ne manquent pas quand vient au tour des whiskies d'Islay d'entrer en lice. Il faut dire que la Perle des Hébrides héberge un ancien champion du monde, un candidat permanent au titre et qu'elle bénéficie d'un a priori toujours favorable. A noter cependant l'invariance de cet axiome : plus le whisky est mauvais et plus la tourbe joue un rôle en masquant les carences du jus (Pepe on pense à toi). 

Présentation des candidats 

A tout seigneur tout honneur, on commence par Laphroaig 10, le Champion en titre. Solide, régulier et toujours prêt à sortir les doigts du fut, évidemment candidat à sa succession. Mais attention à l'excès de confiance (RIP France 2002 et Espagne 2014). On continue avec son principal concurrent, Lagavulin 16, favori blessé l'année dernière et plus que jamais revanchard. A côté des deux poids lourds, deux nouveaux font leur entrée dans le groupe. Bowmore 12 qui fera valoir les attributs traditionnels de son crew, à savoir le pneu cramé, l'huile de moteur et les tirs en dehors de la surface. Dans cette ambiance de garage auto et de vestiaire de troisième division, Bunnahabhain 12 peut créer la surprise en charmant les juges par son jeu basé sur l'absence de tourbe. Mais seul le terrain décidera. 

 

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La tourbe est au mauvais whisky ce que la violence est au mauvais joueur, une façon efficace de masquer sa médiocrité

Laphroaig 10

C'est le champion qui ouvre le bal. Et au nez ça part pas mal. Citron, "un petit air de Laphroaig" dit un des juges. La tourbe est bien intégrée, tu sens le sirop. Nez typique (#wannsee) et plaisant. Pin, floral et médicinal. Un petit côté vineux. Plus tu creuses plus il y a de la menthe. Le bitume arrive. Un beau nez. Barbecue froid.

Rond en bouche, un peu sucré et mielleux. De l’attaque. Brutal. On retrouve le pneu. Pourtant cela s’éteint assez vite. Poivré. Un peu herbacé. Menthe. Salé, les embruns, les algues et tout. Cendre. Pas mal ! 

Bunnahabhain 12

Le petit nouveau se fait remarquer direct au nez. Caoutchouc spongieux. Beaucoup d’alcool. "Ça c’est la daube" éructe un juge qui manque de jeter son verre. Du vieux fruit pourri. L’odeur de l’air de l’intérieur de la chambre à air (à sniffer en lisant Germinal pour se mettre dans l'ambiance). On continue sur de l'ananas rance du genre "conserve de cantine". François Hollande.

Moins mauvais en bouche qu’au nez. Plus rond et mieux branlé. On sent l’alcool. Du caramel, marsala peut-être ou un truc du genre à l’amande. Pas de délit de faciès. Assez épicé. Cardamome. Les fruits secs' du cuir, de l’épice. Cendrier en cuir. Sec à la fin et râpe un peu en finale. Réglisse vanillée. 

Lagavulin 16

Il est plus frais celui-là. Moins lourd. Mentholé avec de la cacahuète grillée. Il y a aussi un coté salé. Plus de fruit. Menthol mais pas mental. Une peur survient qu’il soit flotteux en bouche. On pense au célèbre adage : "Qui pneu le plus plus pneu le moins".

En bouche c'est chocolat aux cristaux de sel, sarment du médoc. Encore ce côté salé, si c’est lui c’est pas l’Allemagne. (Quelques jours plus tard on ne comprend plus cette note...)  Il se démonte pas là… Y’a du corps. On aime bien le coté chocolat fumé. Ça sent le cirage. Il est moins fondu, quoique... Très bon. Finale assez sèche et minérale. Brut. Frontal mais sympa. Riche, il remplit bien la bouche et ne passe pas tout droit. Ne pétille pas non plus sur la langue et ronge pas les joues. Ce qui est appréciable. 

 

burn+cote+moto+bis_thumb Un drôle d'odeur commence à envahir le salon

Un drôle d'odeur commence à envahir le salon

Bowmore 12

Un nez beaucoup moins tourbé que son prédécesseur. Ça sent le sherry rance. Foin et herbes séchées. Papier industriel. Un air de colle à bois. Un juge sort de sa réserve : "Je trouve qu’il pue le 8" – son numéro d'anonymat. En tous cas, ça donne pas envie. Atelier de menuisier. S’ouvre un peu ensuite mais bon... Le 8 dans sa médiocrité sort du lot.

Ça goûte comme ça sent. Un goût de vieux cheval et de chien mouillé. Tu sens la tourbe en deuxième rideau. Mal branlé mais il y a de l’idée, il faut lui reconnaître un côté super original. Du fruit macéré sur la fin. Fromagerie. Tu prends pas beaucoup de plaisir à boire ça. La corvée. Premier de corvée.

Les résultats

Avec 28 points, Lagavulin détrône le champion du monde qui finit quand même deuxième avec 24 points. Ne pleure pas Laphroaig 10, rien n'est plus dur que d'être son propre successeur (#françoishollande2017). Derrière c'est l'égalité parfaite entre Bowmore 12 et Bunnahabain 12. 9 points chacun pour deux whiskies qui n'ont pas vraiment su convaincre. C'était quand même pas très bon, voire dégueu. 

Demi surprise ici avec le champion qui tombe mais l'éternel candidat qui reprend sa place. Il y a une certaine légitimité à cette alternance. Reste à voir comment il assumera son statut de favori en finale.

Pour faire le point sur le tableau, revivez le premier groupe (Speyside)  ici, et le deuxième (Highlands)

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