En Sanskrit Amrut (ou Amrita - अमृत) veut dire "nectar des dieux." Un nom bien choisi pour cette entreprise qui fut la premiere en Inde à distiller du whisky d'orge maltée dans les années 80, faisant la nique a l'industrie locale qui avait pour habitude d'appeler whisky un alcool distillé à partir de mélasses. Amrut, comme Kavalan à Taiwan, fait vieillir son whisky en climat tropical, ce qui permet d'accentuer la vitesse de maturation de manière exponentielle. L'idée est de mettre sur le marché des whiskies relativement jeunes mais dont les qualités gustatives se rapprochent de celles de whiskies écossais bien plus âgés.
Il y a quelque temps déjà, nous avions gouté et apprécié l'expression phare de la distillerie: Amrut Fusion. Comme beaucoup de jeunes distilleries, Amrut joue beaucoup la carte du bois en travaillant son nectar dans une grande variété de futs. L'expression que nous goutons aujourd'hui, Amrut Intermediate Sherry, exprime à merveille cette politique puisque le jus a d'abord été vieilli en futs vierges et de bourbon, puis mis dans des sherry butts, avant d'être de nouveau transvasé dans des futs de bourbon. C'est donc une couche de sherry intercalée entre deux couches de bourbon. Autre innovation intéressante, il semblerait qu'afin d'éviter que les futs de sherry ne soient contaminés lors de leur transport à vide d'Espagne en Inde, Amrut ait envoyé le whisky en Andalousie pour qu'il soit enfuté avant embarquement. Un concept novateur qui avait reçu un bon accueil lors de sa sortie en 2010, si l'on en croit les notes de dégustation que l'on a pu lire ici et la. A noter que la version que nous goutons a été embouteillée en 2014.
Œil : Cuivré
Nez : Comme il fallait s’y attendre, l’influence du sherry est plus légère qu’a l’accoutumée. Quelque part cela sent le whisky jeune, mais le bois a bien travaillé. Le bourbon et le sherry jouent des coudes et se rendent coup pour coup. Il y a des fruits du genre prunes, pêches et pruneaux, de la vanille et des épices, des cacahuètes et des amandes, des mures, des plantes façon apothicaire menthe verte et orties. Plus rond et sucré sur la fin mais toujours avec ce retour de baume du tigre. Un peu schizo mais pas mal.
Bouche : Plutôt alcooleux et jeune. On est frappé d’entrée par la grande minéralité. Des notes de cuir cachées en fond, encore des arachides, un peu de cola, de l’éponge, du vieux bois et de l'amertume. En cherchant bien on devrait arriver a trouver quelque chose d’autre. Devient plus plaisant avec le temps, au fur et a mesure que la minéralité s’affirme. Ce coté vieux Clynelish (toutes proportions gardées) qui prend la place d’un whisky jeune assez mal branlé est surprenant. La suite est faite de chocolat en poudre Van Houten et de bâtons de réglisse.
Finale : Longue et minérale. Tout est bien qui finit bien. Réglisse et minéralité. Des têtes rondes comme des cailloux.
Un matos bizarre. Une petite déception. A l'air vraiment jeune et un peu trafiqué au nez et en bouche. Fait le boulot sur le tard avec une finale interminable et tout en minéralité. Pour amateurs d’eaux de source de montagne… Ni vraiment bourbon, ni vraiment sherry, c'est quand meme un peu faiblard. A noter qu'il s'agit ici du batch 13 et que les variations peuvent être assez importantes d'une mouture à l'autre.
Note : BB+ (Ginette Marchandise)
Prix : Entre 60 et 80 euros. On peut trouver le dernier batch (2015) ici.
Intéressant.
Une petite question : le coût de production des whiskies Amrut ou Kavalan n’est-il pas largement moins élevé que celui de whiskies écossais (la maturation plus lente, la main d’oeuvre plus chère) ?
P.S. Votre lien vers où l’acheter ne fonctionne pas pour moi.
Comme vous le soulignez, les couts de production sont sans doute inférieurs a ceux des distilleries ecossaises, meme si dans le cas de cet intermediate sherry l’aller retour du whisky entre l’Inde et l’Espagne et l’utilisation de futs différents doit se répercuter sur le prix. On imagine que l’importateur doit un peu se graisser la pate au passage… Désolé pour le lien qui ne fonctionnait pas, nous l’avons enlevé.