Situation géographique oblige, la plupart des embouteillages de Karuizawa que nous avons vu passer ces dernières années, ont fini sur le marché Européen. On pense notamment aux futs sélectionnés par LMDW, dont de nombreux millésimes 1981 ou par The Whisky Exchange qui a désormais le bon gout d'organiser un tirage au sort pour l'attribution des rares bouteilles disponibles.
Nous avons en revanche rarement eu l'occasion de gouter les nombreux embouteillages réservés d'un marché asiatique au coeur duquel les Taïwanais semblent s'être taillé une belle part du gateau! Le whisky que nous testons aujourd'hui a été distillé en 1984 et mis en bouteille en 2012 pour le compte du négociant de Taipei, P9. Nous avons eu l'occasion de le gouter à Auld Alliance, un bar dont nous ne cesserons jamais de chanter les louanges...
On goute!
Œil : Cuivre foncé (Caramel)
Nez : Sent presque comme un bourbon single barrel. Caramel, épices et menthe(s) sont très présentes au premier abord : George Stagg. On est assez loin des notes de souffre classiques. Tabac blond, sucre vanillé, fruits macérés et molasses. Raisins de Corinthe, Bananes mures et cerises confites. Plantes médicinales. Apres 15 minutes dans le verre apparaît une étonnante odeur de sauce barbecue. Un nez magnifique.
Bouche: Salée, maltée et boisée. Baba au Rhum et Toffee. Epices classiques (gingembre et poivre noir) avec un soupçon d’algues et de fumée (plutôt façon mescal qu’Islay). Une certaine minéralité qui donne l’impression de sucer des cailloux. Pas mal de bois et retour du menthol et eucalyptus, plantes médicinales encore avec une pointe d’amertume. Belle contenance mais avec nettement moins de complexité qu’au nez. Peut être un peu trop sec.
Finale : Le bois se fait plus présent. Belle influence du Sherry. Plutôt longue et sucré/salé. Réglisse noire (Zan) qui souligne une remarquable intensité.
Sans chercher à "japoniser" un whisky qui l'est deja bien assez (#rolandbarthes), la magnifique étiquette "Geisha" et le coté âpre de ce Karuizawa 28 ans 1984, nous pousse néanmoins a tenter un parallèle avec le cinema de Kenji Mizoguchi, réalisateur de Totem de la Nouvelle Vague et grand chantre des femmes galantes du japon médiéval. Il y a dans ce whisky quelque peu brutal et franchement déséquilibré, un nez presque parfait et une bouche sèche et trop boisée, les memes tensions que dans le cinéma du maitre Japonais. Comme dans les souvenirs de la femme galante Oharu, une forte puissance émotionnelle et comme un gout d'inachevé.
Prix : Entre 2000 et 3000 euros (Shogun)
Note : AA+ (Kenji Mizoguchi – « La vie de Oharu »)
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