Glenglassaugh, le charme brut des Highlands

Si elle ne fait pas partie des distilleries les plus connues d'Écosse, Glenglassaugh dégage pourtant un charme incroyable. Là haut, dans les Highlands, on passe Cullen et son petit port aux couleurs vives pour rejoindre Portsoy le long d'un littoral aussi austère que majestueux. Au troisième champ d'orge on prend à gauche et on rejoint la distillerie composée de bâtiments disparates qui offrent une vue sublime sur la baie de Sandend.

A première vue, la distillerie n'en met pas plein les mirettes, la faute à une bâtisse dédiée aux alambics d'un fonctionnalisme architectural qui tranche avec les chais Dunnage adjacents. L'âge doré du béton (et du whisky) a laissé cette sorte de verrue qui en impose et ne manque pas de charme, un peu comme ces défauts qui nous séduisent chez l'être aimé. La magie opère malgré tout, la plage sise en contrebas n'y est pas pour rien...

Sous l'alambic, la plage !

Si la distillerie est plutôt méconnue en France c'est en partie lié à son histoire mouvementée. Jusqu'en 1986, date de sa mise à l'arrêt, Glenglassaugh fournissait en malt les blends Cutty Sark et Famous Grouse. Il a fallu attendre 2008 et le rachat par Edrington pour que la production soit relancée et que l'on voit apparaître des embouteillages officiels des vieux stocks de la distillerie. Les premières quilles à voir le jour en 2009 affichent un compte d'âge de 30 et 40 ans, peu courant pour une distillerie en sommeil depuis 20 ans. En 2011, les nouveaux jus débarquent enfin en exclusivité à la minuscule boutique de la distillerie. Pourtant, peu de temps après sa renaissance, Glenglassaugh change de main. Billy Walker s'offre la distillerie des Highlands en 2013. Rebelote en 2016, Brown Forman, l'heureux propriétaire de Jack Daniel's et Woodford Reserve, en fait l'acquisition et glisse également Glendronach et Benriach dans son panier.

Le groupe américain ne manque pas d'ambition et se paye le luxe d'embaucher Rachel Barrie comme Master Blender pour ses 3 distilleries écossaises. Diplomée en chimie, Rachel débute sa carrière au Scotch Whisky Research Institute où elle fait ses gammes avec le légendaire Jim Swam. Elle file ensuite chez Glenmorangie pour épauler l'inénarable Dr Bill Lumsden et file ensuite chez Bowmore. Son CV long comme le bras et son immense expérience parlent en sa faveur. 

Malgré ce recrutement haut de gamme, Glenglassaugh reste plutôt discrète. Ici pas de packaging extravagant, de changement de gamme à répétition ou de nouveautés en série. Non, juste du whisky simple et efficace. Les changements successifs de propriétaire n'ont en rien détruit l'identité de la marque. Il ne fallait pas compter sur Rachel Barrie pour détruire l'âme des distilleries dont elle à la charge. Depuis 2011 la gamme est inchangée, 3 expressions classiques sans mention d'âge plus les inébranlables 30 et 40 ans sont fidèles au poste. Revival est l'embouteillage le plus emblématique de la distillerie. Assemblé à partir de whiskies vieillis en fûts de bourbon et de vin rouge, il est ensuite affiné en fûts de sherry. Son profil gourmand sur le toffee, le miel et les prunes en font un whisky de chill bien fichu. Evolution, embouteillé à 50% est intégralement vieilli en ex fut de whiskey du Tennesse, il offre une belle combinaison d'épices et de fruits pour des sensations plus intenses. Enfin, Torfa  fait causer la tourbe en mode côtière, le tout enrobé de saveurs gourmandes. 

Glenglassaugh Revival (70cl, 46%), prix: 55€

Glenglassaugh Evolution (70cl, 50%), prix: 59€

Glenglassaugh Torfa (70cl, 50%), prix: 62€

 

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