Les mensurations parlent d'elles-mêmes, 17 ans, 63 degrés et 80 % de part des anges pour ce Caroni de 1996 vieilli sous les tropiques. Pas besoin de revenir sur l'histoire légendaire de Luca Gargano et des rhums Velier ni sur celle de la distillerie Caroni, ces spiritueux d'exception ont eu ces dernières années les faveurs de la presse spécialisée, suivies d'un engouement réel des amateurs. Un succès mérité. Et bien que le nectar soit fossile, les prix restent raisonnables.
"Full Proof" en rhum, ça veut dire "Cask Strenght", c'est-à-dire que l'alcool est embouteillé à la force du fût. Ici 63 % – deux fois plus que la participation aux élections Européennes ! – , un niveau qui peut faire peur mais que l'on oublie dès les premières gouttes. Comme nous l'avons testé en pleine après-midi, ce n'est pas évident de savoir si ces degrés élevés furent oubliés du fait de la finesse de l'alcool ou de son effet immédiat. D'où cette première leçon, mieux vaut éviter d'en boire avant d'aller au travail – à moins d'être pirate.
Comme tous les embouteillages Velier, la bouteille est très jolie, un air d'exotisme flotte dans la pièce dès son entrée. Mais ne dit-on pas que l'essentiel est souvent à l'intérieur ? Allons donc y voir de plus près.
Oeil : Cuivre profond. Avec des reflets plus clairs.
Nez : Complexe et assez direct. On n'est pas dans le sucre et l'alcool ne brûle pas les poils. Un air marin, un rien de fumée, de cuir et de tabac blond auxquels viennent se mêler des parfums exotiques, mangue et melon cantaloup.Le tout enrobé de vanille. Agrumes, un zest de pamplemousse. Citron vert.
Bouche : Vive et direct. Agrumes. Fruits mûrs – pâtissiers ? Puis vient la mélasse avec un faux air de goudron. Eau de vie de raisin. Réglisse.
Finale : Comme tous les Caroni les plus vieux elle est très longue et sujette à variations. La réglisse donne un peu d'amertume, tempérée par le caramel et une note de chocolat. Tout cela dure de longues minutes, c'est exquis.
Au final, on est encore une fois obliger de s'incliner devant la qualité de ce rhum d'exception. Avec un rien de condescendance, on parle volontiers de "rhum pour amateurs de whisky" mais avec l'inflation actuelle que subissent les meilleurs single malt il faudra peut-être se demander bientôt si le whisky n'est pas en train de devenir le rhum du con.
Note : AA (Dwight York)
Prix : 88 € (Fonction publique ultramarine)
Mais que buvait -vraiment - Ernest Hemingway ?
Glenmorangie Allta, la levure avant les fûts
Habitation Velier : le prix de la transparence.
Avec D.U.C. Booba invente le LOL whisky
Avec D.U.C. Booba invente le LOL whisky