Je me demande encore pourquoi personne ne buvait cette bouteille de George T. Stagg qui trônait au milieu du bar de ce restaurant a burgers foireux. Ils ne savaient peut être pas ce qu’elle contenait? Peut être en avaient ils peur ? Toujours est-il que cette bouteille était un peu devenue la mienne. J’en ai tellement sifflé des verres à 11 dollars que j’ai fini par la vider. Pendant un instant j’ai eu comme l’impression d’avoir perdu un membre de ma famille avant de me résigner a vivre dans le souvenir de ce qui est sans doute le plus grand bourbon du monde, une expérience gustative unique.
Mettons tout de suite les choses a plat : pour beaucoup d’amateurs, George T. Stagg est le meilleur bourbon disponible aujourd’hui. Il est malheureusement très difficile de s’en procurer une bouteille puisqu’il n’est commercialisé, avec les 4 autres expressions qui composent la Buffalo Trace « Antique Collection », qu’une fois par an, a la fin du mois de novembre.
George T. Stagg, personnage historique s’il est en est, qui fut l’un des fondateurs et premiers propriétaires de la fameuse distillerie de Frankfort, prête donc son nom a ce bourbon merveilleux qui ferait pâlir d’envie tout alcoolo qui se respecte. Vieilli pendant un peu plus de 18 ans (ce qui est beaucoup pour un bourbon) il est embouteillé a un très fort degré naturel (qui varie d’une année sur l’autre), soit l’assurance d’un gout raffiné et d’une défonce mémorable. Voyons-donc ce que donne la bête.
Couleur : Cuivre (dé)foncé.
Nez : Puissant, le bois est d’emblée très présent. Caramel et épices, superbe et mélodieux. Un coté terroir avec des truffes, des amandes grillées noyées dans le chocolat noir, toffees et molasses, un sucre diffus qui n’est pas sans rappeler les meilleurs rhums ambrés. Sans doute le plus beau nez du bourbon, on a comme l’impression d’être enveloppé par les odeurs.
Bouche : Au premier coup on se fait exploser les papilles, on sent vraiment passer les 71,4%... Ensuite un festival de saveurs : caramel au beurre salé puis légèrement brulé, vanille, clou de girofle, épices, poivre et piment du nouveau Mexique, chocolat noir. Sans doute l’alcool le plus puissant qu’il m’ait été donné de boire, mais il reste étonnamment buvable même sans eau. Petit a petit les épices et le bois reviennent sur le devant de la scène et le sucre laisse la place, à une certaine amertume, puis menthe et cannelle apparaissent et s’estompent au profit de la réglisse et d’un gout diffus de tabac blond.
Finale : Exceptionnellement longue et pleine de surprises. La réglisse devient bâton de réglisse, terre et une certaine minéralité, cannelle et clou de girofle encore, morilles (l’Ariège m’appelle). Je me demande d’ou cette menthe peut bien sortir. Je crois que je suis fait…
Avec de l’eau : Le bois a tendance a plus s’exprimer, je n’y suis plus vraiment mais je retrouve le chocolat, rosée, comme un matin d’automne, fruits rouges (grenadine) et pate de coings, banane flambée, sundae au caramel, cela ne s’arrêtera donc jamais. J’ai pris un double (pour finir la bouteille) qui m’a fait oublier où j’étais et surtout cette ignoble techno-pop dans laquelle je baigne depuis plus d’une heure. Je prends la fuite. Bonheur de vivre sur le retour, East Village, rideau. Quelle défonce merveilleuse !
Note : AAA (Rockefeller) au moins.
Prix : $80 (Petite Bourgeoisie, si tu as le cul bordé de nouilles et que tu tombes dessus).
B.M
Mais que buvait -vraiment - Ernest Hemingway ?
Glenmorangie Allta, la levure avant les fûts
Habitation Velier : le prix de la transparence.
Avec D.U.C. Booba invente le LOL whisky
Avec D.U.C. Booba invente le LOL whisky