Paul John, l'autre single malt indien

Les amateurs de malt exotique connaissent Amrut qui a réussi à placer l'Inde sur la carte du whisky. Paul John est le deuxième acteur du sous continent présent en Europe. En quelques années, la distillerie de Goa a collectionné les médailles et les critiques positives de la blogosphère. On sait que les médailles relèvent du bullshit (#wauquiez) et pour se faire un avis on s'est envoyé la gamme en verticale.

L’Inde, ses temples féeriques, sa surpopulation, ses trains d’une lenteur désespérante et ... son whisky. N’allez pas croire que la population piche allègrement pour autant. Les nationalistes hindous sont plutôt tatillons sur la question de la picole et on compte de nombreux états secs dans le pays. A Goa le contraste est saisissant, il n'est pas rare de croiser la bourgeoisie locale en train de se faire péter la panse et le foie en bord de mer. Ici tout est permis, les riches indiens débarquent en 4x4 et s’envoient des T-bones largement arrosés de blend. C’est ici, à Goa, que Paul P. John a installé sa distillerie de whisky. Il fait venir son orge des confins de l’Himalaya et distille tout ça dans des pot stills. Le jus vieillit ensuite sous la chaleur tropicale de Goa, les anges sont voraces dans ces contrées et ne manquent pas de se tailler une belle part de 8% par an. Pour Bold, son peated whisky, Paul John et sa moustache rutilante font venir la tourbe d’Écosse. Encore une fois, où qu’on soit sur la planète, quand on veut faire du whisky on lorgne sur la mère patrie du malt, n’en déplaise aux irlandais… Fondée en 1992, l’entreprise de Paul P. John débarque en Europe en 2012 avec ses single malts. Son whisky a reçu un très bon accueil de la part de nombreux blogueurs. Cet accueil chaleureux nous laisse pour le moins dubitatifs.

 

Paul P John et son style flamboyant

Paul John, une autre idée du whisky

On a été contacté par la marque pour gouter la gamme, comme on est plutôt curieux et qu’on adore l’Inde pour y avoir été pas mal de fois on a dit banco. La gamme se décline en 3 références, Brilliance, le classique, Bold, le tourbé et Edited un assemblage des deux précédents. On trouve également 2 Select Casks embouteillés à 55%, le Classic et le Peated. Il existe également quelques single casks et raretés que nous n’avons pas goûtés.

 

Le Brilliance (46%) est assez engageant au nez, entre pâte d’amande, pomme verte et banane mûre on se dit que le bazar est prometteur. Pourtant la bouche s’avère très décevante et assez monolithique, c’est très marqué par les épices et les écorces. La finale poivrée sur le cacao amer n’arrange pas les choses. Next !

Note : B+                            Prix : 49€

On continue avec l’Edited (46%) qui encore une fois offre un nez assez agréable, élégant sans en faire des tonnes. Légère fumée, menthol pas mental, céréales et fruits tropicaux. Le truc est bien foutu. En bouche c’est la dégringolade, on est sur un whisky très poussiéreux, saturé de poivre qui pique beaucoup trop. C’est pas folichon… La finale ne fait guère mieux avec sa tourbe terreuse et un truc amer presque médicamenteux. Certainement le plus raté du lot. Re-next !

Note : B-                             Prix : 56€            

 

 

 

 

A ce stade de la dégustation on se dit qu’on s’est lancé dans une aventure périlleuse et que rien ne sera épargné à nos papilles. Heureusement le Bold semble au-dessus des autres. Au nez la tourbe se fait plus présente, elle est accompagnée d’une bonne dose de miel et de subtiles notes d’abricot. En bouche on se demande si la tourbe n’est pas là pour cacher la misère, le bazar présente néanmoins quelques touches de miel et des notes végétales. C’est ok. Pourtant la finale vient (encore) laisser une mauvaise impression tant elle est poivrée. Bon c’est certainement le meilleur des 3 mais on est loin du compte.

Note : BB-                          Prix : 72€ (ouch !)

On passe au Select Cask avec le Classic. Au nez la poussière est omniprésente mais avec un peu de patience on décèle des notes de fruits (banane/papaye), du poivre et un peu de cuir. C’est plus complexe que la gamme de base. En bouche on lui trouve une bonne dose de céréales qui évolue sur le miel et la réglisse. La finale est moyennement longue sur le bois et la compote de pomme. Ce n’est pas un monstre de complexité mais la bouche est enfin convenable. Niveau rapport qualité/prix on repassera…

Note : BB+                         Prix : 89€ 

 

On termine avec le Peated Select Cask. Au nez la tourbe est franche et grasse, les épices sont simples et efficaces (cannelle, gingembre). On poursuit avec des notes d’abricots secs et de bois exotique d’une belle complexité. En bouche la tourbe est bien présente avec des notes épicées. La douceur du fruit débarque ensuite avec ces abricots enrobés de miel. On sent poindre le bâton de réglisse avant la finale sur le chocolat noir et le zeste d’orange. Un whisky bien foutu d’un bel équilibre, les épices sont présentes sans écraser le jus (enfin !). On déplore le prix carrément excessif pour un whisky de ce calibre. A 50€, on pourrait en acheter mais à près de 100 balles on passe notre tour.

Note : BBB+                       Prix : 96 €

 

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