Foursquare Principia, sherry fais moi peur

A chaque nouvelle livrée de ses jolies bouteilles noires, Velier suscite l'émoi chez les amateurs collectionneurs de rhum. Ce Foursquare Principia ne manquera pas d'exciter les foules une fois de plus. Pour ce 3è embouteillage de Foursquare sorti chez Velier, Luca Gargano a opté pour une double maturation en futs de bourbon et de sherry. Attention ça envoie les watts!

Luca Gargano, le boss de Velier, et Richard Seale, son alter ego chez Foursquare, s'entendent comme larrons en foire. A eux deux ils ont imaginé une nouvelle classification du rhum pour plus de transparence dans cet univers aussi opaque que les comptes des banques panaméennes. La démarche est salutaire et ce Foursquare Principia affiche clairement "Single Blended Rum" sur son étiquette nous rappelant ainsi qu'il s'agit d'un assemblage de plusieurs jus d'une même distillerie. Aussi intéressante que soit cette classification, on peut regretter sa tendance à hiérarchiser les catégories. Ainsi la distinction entre rhum distillé en alambic ou en colonne peut être trompeuse, on a vu des colonnes produire de meilleures choses que le sacro-saint Pot Still...

Pour autant avec un Foursquare Velier on a peu de chances de se tromper, Luca sait y faire en matière de sélection de fûts et Richard Seale nous a prouvé  à maintes reprises qu'il savait faire d'excellents rhums. Pour ce Principia, les hérauts du bon gout ont opté pour une double maturation, 3 ans en fûts de bourbon et 6 ans en fûts de sherry sous le climat tropical de la Barbade. Comme d'habitude l'étiquette est ultra détaillée, le bazar est  distillé en 2008 puis embouteillé à 62% tandis que la part des anges s'élève à 43%. Après l'accueil enthousiaste qu'ont reçu les précédents Foursquare embouteillés par Velier, inutile de vous dire que l'attente autour de Principia est grande. C'est plutôt légitime dans la mesure ou le 2006 et le Triptych s'avéraient excellents.

 

Foursquare Principia, sherry monster, 62%

Pour cette 3è édition, Velier fait évoluer sa recette et opte pour un long vieillissement en fûts de sherry. A titre personnel ça part plutôt mal car on est pas très friand de rhums assaisonné au sherry cask. 

Pour le coup l'étiquette n'est pas trompeuse, au nez on est face à un sherry monster qui n'a rien à envier à un Aberlour A'Bunadh. On part sur les très classiques notes de fruits à coque du genre amande et noix. le sherry est omniprésent et écrase un peu tout, on lui trouve même le côté oxydatif des Olorosso. On sent que le jus n'est pas venu pour beurrer les sandwiches, l'alcool est bien présent mais ne cache pas quelques subtiles notes de banane, tabac froid et zestes d'orange. Dans l'ensemble c'est un poil monolithique et l'ajout d'eau n'y change pas grand chose. Ça manque un peu de délicatesse mais on va pas cracher dans la soupe ça reste plutôt engageant. 

En bouche le sherry est encore plus présent, on est vraiment dans le registre du fruit à coque et du raisin sec assaisonné d'une grosse dose d'épices (poivre, cannelle). L'attaque est un peu saturée d'alcool et c'est en milieu et fin de bouche qu'une pointe de gourmandise se fait sentir avec quelques fruits  tropicaux. Ça manque un peu de finesse, l'alcool et le fut de sherry prennent un peu trop le dessus sur le distillat, une touche de gourmandise en plus aurait été appréciable. C'est loin d'être mauvais cela dit, ça reste un très bon rhum. Il mérite certainement d'être un peu aéré pour briser l'omniprésence du sherry cask et laisser les fruits tropicaux s'exprimer. La finale est d'une belle longueur et c'est, à n'en pas douter, le moment le plus agréable et le plus gourmand de la dégustation, les fruits prennent le dessus et sont enrobés d'un joli boisé bien maîtrisé.

Note : A+               Prix : 125€

 

Principia face à ses ainés

Si ce Foursquare Principia est un très bon rhum il semble pourtant en dessous des ses glorieux prédécesseurs. On les a donc comparé en verticale et c'est clairement le moins séduisant des 3. Son profil sherry monster le rend un poil monolithique à notre gout. Au nez il se défend pas mal quand le Triptych semblait en dessous avec ses notes de chêne neuf et de sciure trop marquées. En bouche il apparaît moins complexe que les deux autres. Là, le rapport s'inverse et le Triptych devance le 2006 d'une courte tête. Son style jamaïcain avec une belle dose de vernis et des abricots bien mûrs fait la différence. S'il ne fallait en garder qu'un on prendrait le Triptych même si le 2006 joue dans la même catégorie. Vu que les 2 premières éditions sont introuvables, pour 125€ on préférera prendre 2 bouteilles de Foursquare 2004, encore dispo ici et ici. Pour autant, les amateurs de sherry cask y trouveront certainement leur compte.

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