Comme chaque année, Ardbeg nous propose un embouteillage spécial à l’occasion de la fête whisky et musique d’Islay : Feis Ile. Les « génies » du marketing de LVMH appellent cela Ardbeg day et nous refilent depuis quelques années des whiskies jeunes et quelque peu expérimentaux (comme le plutôt médiocre Ardbog de l’an dernier) a la place des single-casks qui étaient encore mis en bouteille il y a une dizaine d'années.
Coupe du monde au Brésil oblige, la mouture de cette année s’appelle Auriverdes, du nom que les Brésiliens donnent à leur équipe de foot. Au premier coup d’œil on a du mal à voir le rapport entre Romario, Socrates, Neymar et le célèbre whisky d’Islay mais en y regardant de plus près on finit par percer le mystère car Ardbeg et la selecao semblent avoir une trajectoire semblable. A l’origine c’étaient deux méthodes iconoclastes donnant un produit génial et reconnaissable entre mille : le football samba de Pelé et Garrincha et la tourbe phénoménale d’Ardbeg auxquels les fans de ballon rond et de whisky vouèrent un véritable culte. Aujourd’hui, après une longue période de triste paupérisation du jeu et du jus entamée a la fin des années 80, nous n’avons plus droit qu’a des ersatz : le Brésil, machine a fric pour Nike et annonceurs en tout genre, n’est plus vraiment en mesure de dépasser les quarts de finale de coupe du monde. Ardbeg pour sa part maintient péniblement son statut de distillerie culte à coups d’inventions publicitaires douteuses et de whiskies sans mention d’âge.
Bien entendu on aimerait que cet Auriverdes nous surprenne comme on se prend à rêver d’un Brésil au jeu de funambule à la coupe du monde. Cependant la composition des équipes nous invite à la prudence. N’est pas Pelé qui veut et cet Ardbeg n’est rien d’autre qu’un dix ans vieilli dans un fut aux extrémités grillées. Il ne nous reste plus qu’a gouter.
Œil: Or rose.
Nez: La tourbe est bien présente au premier abord, agrémentée d'iode, de citron et huitres: Marennes Oléron dans un verre à pied. Viennent ensuite des fruits du verger, pêches de vigne et abricots, un nez de whisky a peau de velours. Copeaux de bois; le chêne grillé du fut semble ajouter un peu de profondeur par rapport a l'Ardbeg ten, feu de bois légèrement poivré aussi, un véritable barbecue.
Bouche: Salée et tourbée au premier abord. Notes de chocolat noir très pur et l'amertume qui va avec. Consistance sirupeuse, cire de jojoba. Fruits, jus de cerise et pêches jaunes qui sont vites recouvertes par un retour de la fumée. Un Ardbeg relativement léger et sec mais qui ne lésine pas sur le pneu et le phénol.
Finale: Plutôt longue et minérale. Tourbe et retour des fruits sous la forme d'agrumes, zestes d'oranges, citron et menthe verte.
Quelque part entre un Ardberg ten et un Uigeadail cet Auriverdes surprend par son nez complexe. Le palais n'est pas vraiment à la hauteur, un peu comme si ce single malt avait été conçu a la manière d'un blend. On sort de là un peu frustré, même si tout cela est bien plus séduisant que l’Ardbog de l'an dernier. 95 balles pour ca c’est quand même un peu raide et on a du mal à ne pas songer aux socios du Barca qui ont vu leur club lâcher 95 millions d’euros (dessous de table inclus) pour cette demi-imposture qu’est Neymar.
Si vous voulez un Ardbeg qui envoie et ne vous souciez pas des effets de mode on vous conseille plutôt les expressions Uigeadail et Corryvreckan. Pour ma part je vais mettre mes billes sur Kilchoman et Lagavulin, il y a de grandes chances pour qu’on les retrouve en finale…
Note: BBB+ (Neymar)
Prix: 95 euros (Bourgeoisie crédule)
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