Port Ellen 24 ans 1978 2nd Release (59,35% OB, 2002) : Distilleries Disparues #1

Port Ellen 2nd Release 2002

Port Ellen 2nd Release 2002

 

Les distilleries disparues occupent une place a part dans la cosmologie du malt car elles représentent tout a la fois l’ultime délire (avoué) du malto-fétichiste et l’aboutissement d’une logique capitalistique qui tend vers l’accroissement exponentiel du prix des spiritueux. Port Ellen est (avec Brora et Karuizawa) la plus célèbre d’entre elles et doit sa réputation merveilleuse à l’excellence de son whisky, mais aussi a sa qualité de seule distillerie disparue d’Islay (appellation fantasmée entre toutes) dont il est encore possible de gouter le jus. Qui de mieux donc pour entamer notre mini série sur les distilleries disparues que ce monument du malt écossais dont la fermeture prématurée a fait la gloire ?

 

Lorsqu’elle fut mise en sommeil en 1983, la distillerie de Port Ellen, voisine des illustres Ardbeg, Lagavulin et Laphroaig, n’était guère plus qu’une usine a whisky tourbé destiné aux blends du groupe DCL (aujourd’hui Diageo). Elle était alors la moins connue et la plus petite des distilleries d’Islay et son whisky rarement embouteillé en single malt. La crise qui frappa le monde du whisky au début des années 80 poussa DCL à la mettre en sommeil, un coma artificiel qui s’avéra irréversible lorsque les alambics furent vendus au milieu des années 90 et envoyés vers une destination inconnue (sans doute en Inde). S’il est peu probable que la distillerie recommence a produire du whisky, le site de Port Ellen n’en occupe pas moins une place centrale dans le paysage du whisky d’Islay, puisque les installations de maltage, construites en 1973 sur une parcelle attenante a la distillerie, produisent une grande partie du malt tourbé indispensable aux 9 distilleries de l’Ile.

 

Au début des années 1990, Diageo commercialisa la série des « rare malts » qui mettait l’accent sur les distilleries les moins connues du groupe ou celles qui avaient fermé mais dont il restait des futs. Parmi ces dernières brillèrent Port Ellen (Islay) et Brora (Highlands du Nord) qui occupent aujourd’hui une place de choix dans le cœur des amateurs de single malt. L’assurance que plus une goute ne serait produite et la qualité remarquable des embouteillages de Port Ellen en fit rapidement l’objet d’un culte de la part des amateurs de whisky. Cela poussa Diageo à en faire une série annuelle, embouteillée au degré naturel, qui débuta en 2001 avec un millésime 1979 de 22 ans d’âge. Cet embouteillage désormais mythique (qui de nos jours se vend entre 1000 et 2000 euros) fut suivi en 2002 par le millésime 1978 que nous goutons aujourd’hui.

 

Œil : Doré

 

Nez : Une odeur de brise marine. Fille du vent. Tourbe présente au premier abord mais d’une grande subtilité. Quelque chose de fruité, une odeur de pèche agrémentée d’agrumes, zestes de citrons, d’oranges et de bergamote qui rappelle la fraicheur d’un thé Earl Grey après une sieste estivale. Cire d’abeilles et miel. On trouve également un peu de cet iode et huile de moteur typiques d’Islay mais c’est plutôt en retrait. Apres 15mn dans le verre on trouve un soupçon d’eucalyptus et de sève de pin. Un nez d’une remarquable finesse.

 

Bouche : Sucré au premier abord, mais la tourbe et le sel se chargent de vite recouvrir cette première impression. Grosse présence du malt, fruits exotiques, noix de coco et mangues. Viennent ensuite des notes chocolatées : chocolat noir et moka. Légère amertume vers la fin. Ce n’est pas tant la complexité que l’élégance qui impressionne. Etonnamment buvable a presque 60%. Avec de l’eau s’ouvre encore sur des notes sucrées, le jus s’épaissit et tend vers une consistance cirée, des notes de citron et de fumée émergent avec un léger surplus d’amertume.

 

Finale : Grande longueur, on reste sur les noix de coco et une impression de sucré-salé et de chocolat noir qui semble ne jamais s’estomper.

 

Un nez remarquable et une finale très longue dominée par des saveurs de cacao. Un peu trop amer en bouche pour être parfait, mais on chipote. Par rapport a un Lagavulin 12 ans (2009), plus grande finesse et moins de tourbe et d’iode qui laissent la place a ces notes de fruits exotiques et Earl Grey uniques. C’est presque le jour et la nuit.

 

Note : AA+ (Socrates - RIP)

 

Prix : entre 500 et 1000 euros (Aristocratie de Banlieue)

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