Brora 35 ans 11th Release (48,1%, OB 2012): Distilleries Disparues #2

Brora 35 11th release

 

Le paradis perdu, c'est ce que beaucoup se disent lorsque l'on évoque Brora, distillerie des Highlands du Nord qui, avant d'être fermée en 1983 produisit un whisky remarquable alliant des influences maritimes et fermières qui lui appartiennent en propre. La distillerie, situé dans la petite ville de Brora, a quelques kilomètres au Nord de l'un des plus beau golfs du monde, le Royal Dornoch, fut fondée en 1819 par George Leveson-Gower, le Marquis de Stafford, un Lord qui semble s'être illustré par la brutalité de ses méthodes dans la gestion de son patrimoine foncier. Des ouailles virées de leurs terres et bastonnées, le manque de tact de son propriétaire n'entrava en rien la renommée du whisky produit par Clynelish (le nom que portait alors la distillerie) qui était deja, au 19eme siècle, l'un des nectars les plus chers et les plus courus du Royaume-Uni.

 

George_Granville_Leveson-Gower,_1st_Duke_of_Sutherland_by_Thomas_Phillips

George Granville, un mec pas très cool...

 

Le temps fit son oeuvre et devant l'accroissement de la demande pour les blends au début des années 60, la maison mere DCL (l'ancêtre de Diageo) qui avait entre temps acquis Brora, décida de construire une nouvelle, plus grande et plus moderne distillerie Clynelish qui commença a produire du whisky au milieu de l'année 1968. L'ancienne fut alors fermée avant d'être rouverte l'année suivante afin de produire un whisky fortement tourbé pour pallier les limites de production des distilleries d'Islay du groupe (Caol Ila, Lagavulin, Port Ellen). Pour éviter toute confusion l'ancienne distillerie fut nommée Brora et la nouvelle prit le nom de Clynelish, qui est toujours le sien aujourd'hui. La période "heavyly peated" de Brora, que d'aucuns considèrent comme la meilleure, dura jusqu'en 1973, date a laquelle la distillerie revint vers un style "coastal highlands" précis et incisif, plus proche de ce que Clynelish peut produire aujourd'hui.

Comme toutes les belles histoires ont une fin, la vieille distillerie Brora fut fermée définitivement en 1983 lors de la crise du whisky du début des années 80. Comme dans le cas de son illustre consoeur Port Ellen, la distillerie du Nord Est de l'Ecosse continue a vivre a travers les embouteillages indépendants (de plus en plus rares) et les special releases annuelles de Diageo qui font le bonheur des amateurs fortunés. Nous goutons aujourd'hui la 11eme mouture, distillée en 1977 (mon année de naissance - merci maman) et embouteillée en 2012. Séquence émotion!

 

Œil : Doré foncé.

 

Nez : Magnifique ! Complexité et puissance aromatique remarquable. Commence par des notes de fruits : raisins et vin blanc sec, mirabelles, crayons a papier et une incroyable minéralité qui donne l’impression de humer des cailloux, le graphite d’une pointe de crayon a papier. Tourbe légère agrémentée d’odeurs de baba au rhum et de crème pâtissière. Une pointe de fumée qui met en avant cet aspect huileux typiques des whiskies Brora, comme une partie de chasse dans un sous bois brumeux des Cairngorms. Apres 15mn dans le verre, épluchures de crayon, miel et tabac blond font leur apparition.

 

Bouche : Consistance sirupeuse. La complexité du produit est perceptible au premier contact. D’abord très minéral, sel, iode et cailloux mélangés a du chocolat au lait et des pointes d’allumettes… La fumée plus présente qu’au nez, mais on est plus sur le feu de bois que les notes de pétrole. On retrouve aussi la crème pâtissière du nez qui suggère l’influence du bois, mais cette fois agrémentée de fruits tropicaux (mangues, papaye) et de figues. On retrouve aussi des agrumes, écorces d’oranges et de citrons, pétales de roses et loukoums. Sucre roux, cake aux fruits bien imbibé de rhum. Le palais est comme tapissé d’une couche de cire. On se détend et on apprécie, comme embaumé par la tourbe délicate et l’incroyable complexité du jus.

 

Finale : Longue. Minérale et fumée. Pointes de ®églisse et de menthe, cire et tourbe.

 

Un whisky remarquable que ce Brora 35 ans. L’impression de cire sur le palais est unique et, a ce que l’on en dit, un trait caractéristique des Brora. A la fois terrien et huileux, comme si l’on avait voulu créer le parfait compromis entre Islay et Highlands.

 

Note : AAA (Sean Connery)

 

Prix : 600 euros au départ, sans doute plus aujourd'hui...

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