Distillerie mythique d’Islay, Ardbeg jouit dans le monde du whisky d'un statut exceptionnel qui est sans doute autant du au gout inimitable de son whisky qu’a l’habile (mais parfois insupportable) politique commerciale de LVMH. Depuis que la "maison" de Bernard Arnault a pris le contrôle de la distillerie (lors du rachat de Glenmorangie en 2004), Ardbeg est un peu devenu au whisky ce que Louis Vuitton est a la mode, une marque reconnaissable entre mille mais ou le respect de la tradition peut parfois passer au second plan au profit d’éditions limitées a l'intention douteuse (le syndrome Macallan). Dans une note de dégustation récente, David avait d'ailleurs souligné le coté quelque peu « artificiel » de la série limitée Ardbog.
Ardbeg a été l’un des pionniers d’une nouvelle tendance qui veut que les mentions d’âge disparaissent au profit d’appellations plus subjectives telles que la couleur (Macallan, Glenmorangie) ou des noms évoquant le lieu de production d’un whisky (Highland Park Thor, Talisker Storm). Cette politique fut justifiée au début des années 2000 par le manque de stock, la distillerie ayant été mise en sommeil entre 1983 et 1989 lors de cette véritable période de récession pour le monde du whisky que furent les années Reagan (pour cause de Vodka, Coke, Gin-tonic...).
Ardbeg fait aujourd’hui vieillir la majeure partie de son whisky en fut de bourbon, comme pour l’excellente expression 10 ans (qui est d’ailleurs la seule possédant une mention d’âge) mais ce ne fut pas toujours le cas. Cet Uigedail, qui mele le bourbon et le sherry, est une forme d’hommage au passé glorieux de la distillerie, avant que les embouteillages single-cask ne soient remplacés par de très bons assemblages aux noms improbables. Parmi ces derniers (Supernova, Corryvreckan…) Uigedail est celui qui jouit de la réputation la plus flatteuse, j'ai hâte de gouter!
Couleur : Légèrement cuivré
Nez : Typiquement Ardbeg, mais avec une certaine rondeur qui vient sans doute du jus vieilli en futs de Sherry ayant servi à l’assemblage. Puissant, profil maritime affirmé, fumée, algues et huitres. Raisins secs qui ajoutent une touche de sucre, chocolat noir, et cette odeur inimitable de crayon à papier. Apres une vingtaine de minutes dans le verre on peut même sentir du lard fumé sur un lit de glace à la vanille : bacon liquide…
Apres avoir renversé le tiers de mon verre sur mon ordinateur, je goute : Cet Uigedail a d’Ardbeg cette tourbe si caractéristique qui se place comme un écran de fumée au premier abord puis se dissipe pour laisser place a un distillat léger (mais un peu plus épais que le 10 ans). Simplicité, agrumes, citrons et bergamote, sel et épices délicates, la tourbe est toujours là en fond. Cuir et bois humide suivis par une réglisse salée qu’affectionnent les peuples germaniques. Tout cela fait preuve de beaucoup de maitrise.
Finale : Longue. Chocolat, odeur de café torréfié, fumée et réglisse, une légère amertume enrobe le mélange sucré-salé. Je prends !
Un whisky remarquablement équilibré. L’expression Ardbeg à gouter absolument d’autant plus qu’à l’exception du 10 ans (qui ne joue pas dans la même catégorie), c’est la plus Ardbordable. A notre avis bien meilleur que les Alligator, Corryvreckan et autre Ardbog.
Tout amateur de whisky avec un tant soit peu d’amour propre devrait avoir une bouteille de cet Uigedail dans sa collection, ne serait-ce que parce que des embouteillages récents, c’est celui qui se rapproche le plus de ce vieux style (pré-1977) dont le commun des mortels comme nous ne verra sans doute jamais l’ombre d’une goutte…
Note : AA (Lionel Messi)
Prix : entre 55 et 75 euros (Bourgeoisie de province)
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