A l'image des albums-concept enregistrés par Gainsbourg dans les années 70 (au sommet desquels trône l'intouchable Melody Nelson), les dernières séries spéciales d'Ardbeg proposent une variation sur le même thème. Aux adolescentes fantasmées et absconses du grand Serge, les biens aimées Melody et Marylou, le Dr. Bill Lumdsen substitue son distillat prépubere qu'il enfute à tour de bras dans des barriques expérimentales: grillées, toastées, manzanilla... Un club sandwich et hop!... C'est d'ailleurs cette quasi pédophilie éthylique qui rebute aujourd'hui les anciens admirateurs de la distillerie. Qu'a donc à gagner le docteur en torturant de la sorte un whisky si jeune?
L'Ardbeg Alligator, sorti en 2011 (et qui semble aujourd'hui appartenir à une sorte de préhistoire des sobriquets de whiskies à la con), doit son nom à l'aspect écailleux de la surface interne des futs grillés qui ont servi à faire murir le whisky. Je dois avouer avoir un faible pour la boite en fausse écaille d'un mauvais gout presque baroque... Voyons ce que donne le whisky.
Œil : Doré profond
Nez : Expressif, tape dans le barbecue et les agrumes. La fumée est plus cendre et feu de bois que pétrole. L’influence des futs roussis sans doute. Un je ne sais quoi rappelle le chou de Bruxelles, un Brassica oleracea qui aurait trempé dans une saumure au citron : moitié légume, moitié mec ! Devient plus parfumé, presque floral, herbeux et tourbé après quelques minutes dans le verre. Un fond de minéralité fruitée qui, sur un malentendu peut évoquer de vieux et glorieux islays…
Bouche : On sent qu’ils ont beaucoup travaillé sur les futs. Ingénierie liquide. Plus sucré qu’à l’accoutumée, mais n’en oublie pas pour autant la tourbe et le sel, bien présent. Coté maritime assumé avec un max de caramels au beurre salé (toute une boite) : Perros-Guirec je te vois ! Lavande. Ambiance bonbons avec pastilles Valda et réglisses noires, du citron, du sucre et des épluchures de crayon de couleur qui rappellent les whiskies élevés en futs vierges. Puceau!
Finale : Longue. Minérale et piquante. Très cool au menthol : After Eight et harengs fumés.
L’un des premiers Ardbegs beaucoup (trop ?) travaillés par les petits chimistes de chez Moet-Hennessy. Du parfum à ne plus savoir qu’en foutre. Grande complexité au niveau de la palette aromatique mais bien trop new age pour aller jusqu'à faire apparaître l’atoll de corail…
Note : A (Marilou Reggae)
Prix : Entre 200 et 300 euros (Bourgeoisie Intersidérale). Trop cher pour ce que c’est mais on en reprendra bien un verre pour le principe…
Un grand merci à Raymond pour la bouteille!
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