Au royaume des aveugles les borgnes sont rois, c'est peu ou prou ce qu'ont du se dire les gens de chez Benromach lorsqu'il qu'ils ont imaginé leur nouvelle gamme. A contrepied de la mode du moment, qui veut que les maisons de spiritueux s'essoufflent a mettre au point des whiskies sans mention d'age au nom fumeux, la distillerie du Speyside, nous offre des whiskies complexes, bon marché, et affichant leur age avec une certaine nonchalance.
Comme l'écrivait Jonas il y a peu dans son article dédié a Benromach, la distillerie s'escrime, depuis son rachat par Gordon & McPhail en 1993, a produire un whisky similaire a celui qui sortait des distilleries du Ecossaises jusque dans les années 1960. Cette réinvention d'un style classique et disparu, fait de tourbe légère et d'un savant mélange de whisky vieilli en futs de bourbon (80%) et de sherry (20%), a la fois éminemment buvable et plein de caractère, a pour effet de rendre risibles la plupart des gimmicks marketing de la concurrence. Il n'y a point ici de "Dalmorisation" ni de dieux nordiques mais plutôt un pari sur la fidélisation du client a travers un produit remarquable. Une philosophie "old-school" qui colle bien avec l'image de la maison mere.
Benromach est, depuis la fin de l'été et la mise sur le marché de cette nouvelle gamme, la distillerie dont les amateurs de whisky parlent sur les réseaux sociaux et ailleurs. Nous goutons aujourd'hui la version Benromach 10 ans 100 proof (ancienne unité de mesure impériale) qui est une expression sur-vitaminée du 10 ans classique. On vous le dit tout suite, c'est de la balle, et on se dit que d'autres nous prennent parfois un peu pour des jambons...
Œil : Cuivré
Nez : Grosse présence de l’alcool mais qui ne masque pas les aromes : crème pâtissière et eau de fleur d’oranger. La tourbe légère et l’influence du sherry sont au rendez vous et se marient a merveille. Cela donne du cuir, du tabac blond, du foin et du chocolat au lait. Comme une vieille bibliothèque qui aurait encore quelques secrets à livrer on trouve des notes de caramel au beurre salé. Quelque part cela tend un peu vers l’armagnac.
Bouche : Consistance bien plus onctueuse que le 10 ans, presque sirupeux, la tourbe est particulièrement bien intégrée mais l’ensemble est aussi plus sec et nerveux. Notes d’épices et de piments forts (langue d’oiseau), on repart assez rapidement sur les notes de cuir, de chocolat et de vieux papier entrevues au nez. Crème d’amandes encore et tout un tas d’autres trucs qui valent le détour. Avec de l’eau : cola, notes de menthol, d’eucalyptus et de basilic. Vraiment balèze !
Finale : Longue. Quelque part entre le sec et l’onctueux. Très minérale, la fumée est toujours la, en retrait, et s’accompagne d’une petite amertume. En toute fin la fumée vire vers l’organique végétal, mousses et lichens…
On l’aura compris, le whisky idéal pour ceux qui cherchent un compromis entre la tourbe, le bourbon et le sherry. Long, complexe et puissant. Il est difficile de demander plus à un whisky de 10 ans d’âge. En ces temps de disette et de prix exagérés c’est une vraie aubaine. Quasiment indispensable.
Note : A+ (Marty McFly)
Prix : Entre 60 et 80 euros (bourgeoisie de province)
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