Glenlivet 1940 (40%, Gordon & McPhail 1980s): Palamède!

Glenlivet 1940

Pour fêter notre 200eme article (déjà!) on sort un malt antique: un Glenlivet 1940 embouteillé dans les années 80. Les whiskies distillés avant guerre ont, chez les amateurs de malt, l'aura particulière des produits rares appartenant a une époque révolue. Lorsqu'on l'on boit un tel jus on fait toujours un travail de mémoire, de reconstruction d'un passé qu'on n'a pas connu, et l'on finit par se dire que lorsque le distillat est sorti des alambics de Glenlivet, notre cher grand pere devait être quelque part entre la maternelle et le lycée, les Allemands se préparaient a envahir la France ou l'Angleterre (Seelowe RIP), et Chaplin tournait "le grand dictateur." Le whisky et les vieux spiritueux ont cela de particulier qu'a travers les millésimes, ils restent, pour nous, les témoins d'époques révolues. C'est aussi pour cette raison que l'on hésite souvent a ouvrir nos plus précieuses bouteilles, comme ce Karuizawa que l'on garde pour boire un jour avec ces enfants encore imaginaires.

 

Il y a quelque chose de Proust dans chaque goute d'un whisky rare, comme si l'alcool contenait une matière propre a évoquer l'idée du souvenir, comme un reconstruction du passé irréel dans la réalité matérielle du jus. A la manière d'une vieille photo de famille, ce pouvoir de suggestion nous permet de faire le lien entre notre présent et ce passé que l'on veut originel. Qui de mieux donc pour évoquer ce reliquat d'un monde aujourd'hui disparu que Palamede, Baron de Charlus, lui meme auguste représentant d'une noblesse du sang alors a son crépuscule. Il y a de cela dans les whiskies des années 40, de la meme manière que les Brora, Port Ellen, Convalmore et autres parleront d'ici quelques décennies a la mémoire de nos enfants... 

 

Œil : Doré

 

Nez : Un peu poussiéreux, comme un vieux garçon qui ne porterait que des costumes en tweed taillés sur mesure a Saville Row. Quand même relativement expressif et fruité, miel et cire d’abeille, fraises des bois et sorbet à la framboise accompagné de légères notes idées. Comme un soupçon de cuir et de vieux bois ciré. Tend à tirer un peu sur la prune et un fond de fruit macérés. On trouve aussi des olives noires (disons de Nyons). Il en a encore un peu dans le ventre le papy.

 

Bouche : Léger et aéré, la poussière est plus présente qu’au nez. Notes diffuses mais bien présentes de Cola, comme une glace au coca, et impressions de menthol, de sève de pin et d’eucalyptus. C’est tout en finesse. Il y a aussi du caramel, dans le même genre que celui que l’on trouve sur les sundaes. Sirop d’érable et ananas. Tourbe légère qui doit aussi participer a l’émergence du cola et qui se retrouve encore dans des épices qui restent vraiment en retrait.

 

Finale : Des saveurs plutôt uniques d’artichauts cuits. Impressions minérales et légèrement sucrées, cola et sirop d’érable. Cela finit sur des notes de sève de pin.

 

Un pépé qui a de beaux restes. Plus de 40 ans en futs. Les 30 ans en bouteille ont sans doute pas mal adouci la bête. Mon grand père avait 12 ans quand ce jus a été distillé, un whisky qui a traversé le siecle…

 

Note : A+ (pour le jus) AAA (pour ce qu’il évoque).

 

Prix : 2000 euros, il y a une bouteille à vendre sur le site de whisky exchange. On peut sans doute faire mieux aux encheres.

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