Long Pond 1941 (50%, Silver Seal 1999): Flesh of My Skin Blood of My Blood

 

Ce très vieux rhum jamaïcain issu de la (désormais défunte) distillerie Long Pond, a été embouteillé en 1999 à partir d'un fût partagé entre l'Écossais Gordon & MacPhail et l'Italien Silver Seal. Si l'on en croit Serge Valentin, ce Long Pond 1941 a pas mal bourlingué avant d'arriver en Écosse chez le célèbre négociant d'Elgin en 1967, où il a passé 32 années de plus en fût. Les très vieux spiritueux ont cette qualité rare de nous faire questionner rapport au temps, et en buvant ce rhum on ne peut s'empêcher de penser aux ouvriers de Long Pond, dans cette Jamaïque Britannique que l'on imagine libre et tranquille, distiller le jus et remplir ce fut No 76, quand d'autres se faisaient marcher sur la tête par Hitler, Hirohito et leurs sbires.

 

Si, dans la mythologie du rhum Caribéen, ce Long Pond 1941 est devancé par le fameux Samaroli West Indies 1948, et quelques vieilleries des Antilles Francaises (on pense notamment à d'antiques Saint James), il n'en reste pas moins un objet de désir pour les collectionneurs avertis. Il existe(ait) 12 bouteilles de l'embouteillage Silver Seal que nous goûtons aujourd'hui, et sans doute un poil plus de la version G&M (dont on peut lire un review ici). On se fait un plaisir rare en goûtant ce matos d'un autre temps...

 

Oeil: Doré 14 carats

 

Nez: À la fois mineral et suave: entre minerai de fer et vieux cuir. Un coté acidulé et un poil fumé. Pruneaux et bonbons au citron. Essence de briquet (zippo) avec terre de sous bois et hummus. Ca doit venir du contact plus que prolongé avec le fût. Sucre roux et caramel. Coulis de cerises. Tout cela est bien vif et fruité. C'est chic.

 

Bouche: On est loin du jus de bois, la canne à sucre est vraiment mise en avant, ce qui parait tout à fait exceptionnel pour un rhum de cet âge. Il a un vitalité remarquable qui fait qu'on a presque l'impression de s'envoyer un agricole 15 ans d'age. Mais c'est plus rond, plus minéral, plus complexe et l'on retrouve les notes de fruits confits aperçues au nez, en particulier cerises griottes macérées dans le jus. Tabac fraîchement coupé (#laseita) Caramel brûlé et cannelle. Ambiance tannins et cuir. Après cela part sur de la racine, réglisse, anis et gentiane. Il y a un poil de sel sur la fin.

 

Finale: Longue toujours minérale et avec une pointe d'amertume qui semble venir du fond des ages.

 

Un Jamaïcain qui fait très antillais. Ce Long Pond 1941 c'est sans doute plutôt du vesou qu'un combo mélasse/dunder façon Hampden. Ce qui ressort c'est l'incroyable fraîcheur de ce rhum sans âge, où l'on semble distinguer le jus de canne comme s'il sortait du pressoir. Un matos magique qui défie le temps. 

Au final ce rhum hors du temps, rappelle une autre chef d’œuvre issue de Jamaïque, l'album Flesh of My Skin Blood of my Blood dans lequel Keith Hudson évoque l'histoire des esclaves qui ont peuplé les "West Indies." À écouter avec un verre de rhum jamaïcain (un Habitation Velier fera amplement l'affaire) et autres douceurs si affinités...

 

Note: AAA (Keith Hudson)

 

Prix: ?

 

La Perle:

 

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