Pas la moindre plantation de canne à sucre à Cognac, et pourtant, dans cette ville qu'on croirait tout droit venue des années cinquante, vieilli un rum qui a su gagner sa place sur toutes les étagères des amateurs de picole exotique. Si la maison Ferrand doit sa notoriété à son cognac, elle s'est également fait un nom à travers sa gamme de rums "Plantation". Comment un cognaçais qui travaille un produit éminemment ancré dans son terroir a pu se mettre au rum ? L'histoire relève d'une logique désarmante de simplicité. Pour recycler ses vieux futs de cognac, Alexandre Gabriel (président de la maison Ferrand), a eu la bonne idée de fourguer ses tonneaux aux producteurs de rum, la démarche s'est ensuite prolongée et il a fini par échanger ses futs vides contre des futs de rum (remplis ceux là). De là est née la marque Plantation.
Plus qu'un embouteilleur, un éleveur de rum.
On connaissait les éleveurs de charolaises et de canards landais, on vous présente aujourd'hui l'éleveur de rums. Alors certes, Alexandre Gabriel n'a toujours pas trouvé le mode de reproduction des futs mais on peut pourtant le qualifier d'éleveur. Alors que la plupart des embouteilleurs achètent des futs et les laissent vieillir jusqu'à ce qu'ils estiment que le jus est apte à être embouteillé, lui, travaille particulièrement ses vieillissements. Après avoir vieillis en climat tropical, ses futs sont rapatriés à Cognac et vidés de leur substance. Le jus est transféré dans des tonneaux ayant contenu du cognac et placés dans différents types de chais (sec ou humide selon les envies et les caractéristiques du rum). Le bonhomme applique les techniques du cognac au rhum. Il brise le tabou ultime du secteur et affirme ajouter du sucre toasté (sucre mélangé à du cognac) dans les futs comme le font tous les producteurs de cognac. Pour les versions single cask, il pousse l'expérimentation encore plus loin et impose au jus un troisième vieillissement. Le résultat est unique et les rums Plantation y gagnent une identité forte marquée par l'exotisme, la rondeur et la richesse.
3 gammes pour 3 modes de consommation.
Le rum de dégustation a le vent en poupe, c'est d'ailleurs la grosse excite du moment. Tout les amateurs se tripotent la nouille (nous les premiers) en pensant aux dernières sorties de Velier, mais la demande est telle que tout le monde n'a pas la chance ou les moyens de s'en procurer une bouteille. La gamme "Single cask" et son étiquette noire est une alternative crédible en matière de rums pointus. Ils sont issus de futs uniques souvent réduits mais parfois au degré naturel. Leur particularité est leur finish dans des futs que l'on peut qualifier d'exotiques pour du rum (Pineau des Charentes, Sauternes...). Je n'ai encore jamais été déçu par ces embouteillages, c'est toujours très riche et très bien fait malgré la dilution à 42°. Le rapport qualité/prix est par ailleurs excellent. Les amateurs moins exigeants ou moins fortunés peuvent sans peine se rabattre sur la gamme millésimée. On y trouve des rums de presque toutes les provenances (Barbade, Nicaragua,Guyana, Panama, Jamaïque, Sainte-Lucie, Trinidad,etc...) qui ont tous subi un deuxième vieillissement en futs de cognac. Ils sont toujours très abordables tant pour leur prix (entre 32 et 50€) que pour leurs qualités gustatives. C'est en général assez souple mais chacun des embouteillages garde les caractéristiques de sa provenance. Le Jamaïca est particulièrement recommandable pour ses esters funky. Enfin la gamme "assemblage" est ouverte sur l'univers du cocktail.
Des rums "cocktails friendly".
Si les gammes millésimées et single cask sont orientées sur la dégustation, les embouteillages d'assemblages (Three Star, Original dark, Barbados Grande réserve, Guatemala Gran Anejo) sont clairement destinés aux cocktails. Ces rums sont beaucoup plus souples et marchent du tonnerre en cocktail. Ils ont l'immense avantage de fonctionner avec tout et ils trouvent leur place dans la plupart des cocktails classiques à base de rum. L'association du Three Stars et de l'Original Dark est d'ailleurs impeccable dans un Maï-Taï.
Pour autant la gamme millésimée peut également trouver sa place dans des drinks plus secs. En témoigne le merveilleux "Young Robert" imaginé par Denis Landais qui travaillait alors à la Candelaria. Sinon on peut aisément imaginer un old fashioned à base de rum avec n'importe lequel des embouteillages millésimés. Les geeks du cocktail trouveront plein de recettes sur le site de Plantation pour assouvir leur soif inextinguible.
Mais que buvait -vraiment - Ernest Hemingway ?
Glenmorangie Allta, la levure avant les fûts
Habitation Velier : le prix de la transparence.
Avec D.U.C. Booba invente le LOL whisky
Avec D.U.C. Booba invente le LOL whisky