Laphroaig 32 ans (46.6%, OB 2015): Veuve Douairière!

Laphroaig 32 Screen Shot

 

Dans le droit ancien, une douairière désigne une veuve d'un milieu aristocratique jouissant d'une partie des biens de son défunt mari (qui constituent son douaire). Dans le monde du whisky tel qu'il est aujourd'hui Laphroaig, vieille famille aristocratique de premier rang, conserve quelques vieux futs et une grande partie de son aura hérités d'une époque révolue, même si le whisky qu'elle met sur le marché n'a plus grand chose a voir avec ses glorieux prédécesseurs. De temps à autre, pour rompre avec la rengaine des nouveaux embouteillages NAS, l'illustre distillerie d'Islay propose un embouteillage exceptionnel tiré de ce qu'il reste des bijoux de famille. Pour célébrer son 200 ème anniversaire elle a donc choisi d'embouteiller un Laphroaig 32 ans, tête de gondole d'une série d'éditions plus ou moins limitées comprenant un 15 ans, 16 ans, et 21 ans.  

 

Le whisky est tiré de futs remplis entre 1980 et 1983 et composé de 30% d'Olorosso de premier remplissage (35 ans), 20% d'Olorosso de second remplissage (32 ans), et 50% de hogsheads d'Olorosso (34 ans). Environ 6000 bouteilles ont été mises sur le marché cet automne qui, malgré le prix assez élevé de 1200 euros, n'ont pas trainé sur les étals des cavistes. Les vieux Laphroaig ne courent pas les rues et, en ces temps de disette, les amateurs fortunés ne se posent pas trop de questions avant de faire chauffer leur carte de crédit... Voyons ce que donne cette vieille dame. 

 

Œil : Cuivré léger

 

Nez : Comme chez beaucoup de vieux Islays, la tourbe est très bien intégrée mais quand même assez présente. Tourbe moyenne donc, bois fumé avec du hickory qui rappelle l’odeur des harengs séchés à la manière locale. L’iode qui va avec et un beau paquet d’impression fruitées : mangues séchées, abricots secs, citrons et melons cantaloupe. C’est un peu plus corsé ensuite avec des olives noires (à la grecque), de la laque, de la sève de pin et de la réglisse. Un coté viandé aussi avec du beef jerky et du bacon. Sitting-Bull contre le général Custer.

 

Bouche : Enorme influence du bois au départ qui, mélangé à la tourbe légendaire de Laphroaig donne une première impression tout en vieux meubles, cires en tout genres, cuir, café, cola, et parchemins poussiéreux. Des fruits tropicaux ultra-murs qui sont la marque de fabrique des vieux Islay vieillis en fut de Sherry. La tourbe prend ensuite la main, ce qui donne des cendres, du vieux tabac, et des mines de crayons de couleur (vert et blanc). Un coté bois neuf qui fait un peu penser aux Yoichi tourbés vieillis en futs de chêne vierge. Devient beaucoup plus salé sur la fin. Furioclasse comme disent les Italiens. Est au whisky ce qu'Andrea Pilro était au football il y a encore quelques années...

 

Finale : Longue, tend à s'assécher mais insiste toujours sur le sel, le cuir et les vieux meubles, avec une pointe d’amertume et de réglisse en toute fin.

 

Ce Laphroaig 32 ans prouve qu'il reste quelques beaux bijoux de famille dans les chais de la distillerie d'Islay. Le résultat est un vieux whisky moderne et tourbé plutôt que l'un de ces anciens Islays légendaires ou la fumée semble avoir été transformée par l'influence des futs de Sherry. Sans doute un peu en dessous du très onéreux Lagavulin 37 ans sorti il y a deux ans. 

 

Note : AA (Andrea Pirlo)

 

Prix : 1200 Euros (Noblesse de Piémont-Sardaigne)

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